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«L'Afrique doit bouger, le solaire est devenu moins cher que le pétrole»

La négociation sur le climat bute actuellement sur le rôle différencié des pays riches, des pays émergents et en développement. Avant que les ministres ne rentrent en scène pour conclure cette négociation historique sur le climat, nous avons interviewé Vincent Kitio, expert camerounais spécialiste des villes africaines à l'agence de l' ONU UN Habitat.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Vincent Tikio, expert des Nations Unies à l'agence UN Habitat. (michel lachkar)

En tant qu’expert et en tant qu’Africain, quelle est votre vision des négociations en cours à la Cop 21?
Vous connaissez la démographie des villes africaines, elles vont voir leur population doubler ou tripler d’ici 2050, avec l’augmentation du trafic automobile que l’on imagine. Aujourd’hui, les villes sont responsables de 70% des gaz à effet de serre. Les pays industrialisés ont une responsabilité historique mais si les pays émergeants comme la Chine ou l’Inde n’agissent pas, et si l'Afrique n'entre pas dans le jeu, les efforts des pays du Nord ne serviront à rien. Même si l’Europe renonce totalement au pétrole, cela ne suffira pas à rester sous la barre des 2°préconisés par les scientifiques. Donc tous les pays doivent s'engager.

Alors que faire et par quoi commencer?
Il faut arrêter d’investir dans les énergies fossiles. L'Afrique doit s'engager immédiatement dans les énergies renouvelables. Les grandes villes africaines doivent adopter une véritable stratégie énergétique, avec un plan d’action précis: mettre l’accent sur les transports publics et éviter que la classe moyenne africaine n’adopte systématiquement la voiture pour ses déplacements. L’effort doit également porter sur l’efficacité énergétique dans les bâtiments. Il faut tout de suite passer aux énergies renouvelables. C’est déjà économiquement rentable. L'Afrique doit bouger, le coût de l’énergie solaire a été divisé par dix, le kilowatt solaire est aujourd’hui moins cher que celui à base de pétrole.

Comment financer cette transition énergétique?
Il faut passer à l’action avec l’appui financier des pays riches et aller rapidement vers les énergies renouvelables. C’est tout l’enjeu des discussions en cours. Il faudrait également donner un prix au carbone. Une taxe carbone permettrait de dégager des fonds pour financer la transition énergétique. Les villes africaines sont confrontées à des défis majeurs, mais aussi à des opportunités qui vont créer de l’activité économique et de l’emploi. Il s’agit maintenant de faire les bons choix, de regarder ce que font les autres et ne pas faire les mêmes erreurs. Notre malheur mais aussi notre chance, c'est qu' en Afrique tout reste à construire.

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