Kenya : la Cour suprême, une jeune institution indépendante qui a déjà fait ses preuves
La plus haute juridiction du pays a confirmé la victoire de William Ruto à la présidentielle.
Après un recours déposé par le candidat malheureux Raïla Odinga, la Cour suprême kényane a confirmé à l'unanimité la victoire du vice-président sortant William Ruto à l’éléction présidentielle du 9 août. A 55 ans, William Ruto devient ainsi le cinquième président depuis l'indépendance du pays en 1963. Il devrait prêter serment le 13 septembre.
Une institution fiable
C'est la troisième fois depuis sa création par la Constitution de 2010 que la plus haute juridiction du pays se prononce sur un litige lié à la présidentielle. La Cour suprême est la plus haute instance du système judicaire kényan et la seule habilitée à trancher en cas de problèmes.
Ses décisions définitives et exécutoires sont émises par sept juges officiellement nommés par le président de la République mais ce dernier n'a cependant pas le pouvoir d’intervenir. La Cour est renommée pour sa crédibilité et son indépendance. C’est l'"une des plus robustes de la région", comme le souligne à l’AFP, Benjamin Hunter, analyste au cabinet britannique Verisk Maplecrof.
Une femme juge en chef
Depuis mai 2021, la Cour suprême est présidée par Martha Koome, première femme de l'histoire du pays à diriger l'une des trois branches de l'Etat. Formée à l'Université de Londres, l’ancienne avocate de 62 ans est une fervente militante des droits des femmes.
Elle a rejoint la magistrature en 2003, après avoir exercé la profession d'avocat pendant plus d'une décennie. Dès sa nomination à ce poste-clé, elle s’était engagée de débarrasser le système judiciaire au Kenya de la corruption et de préserver son indépendance.
Des verdicts inédits en Afrique
En mars 2022, la Cour suprême confirme son indépendance en invalidant un processus de révision constitutionnelle initié par le président Uhuru Kenyatta. Ce dernier voulait créer de nouveaux postes au sein de l'exécutif afin de changer le système actuel qui serait, selon lui, source de conflits électoraux récurrents. Ses détracteurs dénonçaient de leur côté un stratagème du chef de l'Etat pour se maintenir au pouvoir.
Autre coup d’éclat de la Cour suprême, l’invalidation de l’élection présidentielle en 2017 remportée par Uhuru Kenyatta, en raison d' "irrégularités". Du jamais vu en Afrique.
Cette décision historique avait été saluée à l'étranger comme un gage d'indépendance du pouvoir judiciaire. Quatre ans plus tôt, la Cour suprême avait rejeté un recours déposé par l’opposant Raila Odinga, confirmant alors l'élection d'Uhuru Kenyatta. Aujourd'hui, elle prononce un verdict similaire en confirmant les résultats de la présidentielle proclamés le 15 août 2022.
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