Cet article date de plus de treize ans.

Kadhafi menace de "purger la Libye maison par maison"

Pour la première fois depuis le début des insurrections, le colonel Kadhafi s'est exprimé en direct à la télévision libyenne. Pas question de céder à la contestation : le vieux dirigeant assure qu'il reste le {"chef de la révolution"} et qu'il ne quittera pas son pays. Et il se fait menaçant, affirmant que les manifestants {"s'exposaient à la peine de mort"}.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Radio France © France Info)

Avec emphase, le dirigeant libyen parle de lui à la troisième personne : "Mouammar Kadhafi n'a pas de poste officiel pour qu'il en démissionne.
Mouammar Kadhafi est le chef de la révolution, synonyme de sacrifices jusqu'à la fin des jours. C'est mon pays, celui de mes parents et des ancêtres". Pas question donc de reculer d'un pas face aux fortes contestations qui agitent la Libye depuis une semaine.

Criant, tapant du poing sur son pupitre, le colonel se dit prêt à "mourir en martyr" pour son pays : "Je me battrai jusqu'à la dernière goutte de mon sang". Malgré les 300 à 400 morts recensés par les organisations internationales, Kadhafi nie avoir eu recours à la force jusqu'à maintenant. Mais il menace explicitement de le faire, ordonnant à l'armée et à la police de reprendre la situation en main, de combattre ces manifestants qui sont selon lui "manipulés par l'étranger".

Les mots du dirigeant sont très durs à l'égard des opposants : les manifestants armés sont "passibles de la peine de mort" , et s'exposent à une "riposte semblable à Tiananmen". Une référence claire à la violente répression d'une révolte d'étudiants par l'armée chinoise en 1989. Kadhafi se dit prêt à traquer les "rebelles" "maison par maison" pour mater la révolte.

Et il agite le chiffon rouge de l'islamisme : les opposants "veulent faire de la Libye un Etat islamique, un nouvel Afghanistan".
_ Celui qui dirige la Libye d'une main de fer depuis maintenant 41 ans enjoint ses partisans à descendre dans la rue demain.

L'Italie craint l'arrivée de 200 à 300.000 migrants libyens

Plusieurs pays ont dénoncé avec vigueur ce discours. Angela Merkel parle ainsi d'un discours "très effrayant" . La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton dénonce un "bain de
sang totalement inacceptable". La Ligue arabe a exclu la Libye "jusqu'à ce que les autorités libyennes acceptent les
revendications" de son peuple. Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé "la fin immédiate" des violences.

Quant à Silvio Berlusconi, il a eu un entretien téléphonique avec Mouammar Kadhafi. Selon l'agence officielle libyenne, le dirigeant contesté a "rassuré son ami Berlusconi en lui disant que la Libye allait
bien". L'Italie se prépare pourtant au pire : Rome craint de voir affluer sur son sol entre 200.000 et 300.000 migrants fuyant les violences en Libye.

Le ministre de l'Intérieur rallie la cause du peuple

Suite à ce discours, le ministre libyen de l'Intérieur a annoncé qu'il se ralliait à la cause des opposants. "J'annonce ma démission de toutes mes fonctions en réponse à la
révolution" a déclaré Abdel Fatah
Younes qui "appelle toutes les forces armées à répondre aussi aux demandes du peuple".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.