Au Ghana, pays très religieux qui se veut un modèle de démocratie en Afrique en matière de respect des droits humains, des députés ont déposé début août, une proposition de loi qui restreint davantage les droits des personnes homosexuelles.Une ancienne loi jamais appliquéeLes relations homosexuelles sont interdites au Ghana, mais personne n'a jamais été poursuivi au titre de cette loi, datant de l'ère coloniale. En revanche, les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, et intersexes), ont peu de droits et sont régulièrement la cible d’attaques et de discriminations. Une situation qui risque d’empirer avec la proposition de loi en débat au Parlement. Elle prévoit notamment de criminaliser les défenseurs des homosexuels, promeut des thérapies de conversion et impose des peines de prison plus lourdes pour condamner l’homosexualité."Nous avons besoin de protéger nos enfants qui sont la cible de ces personnes LGBTQ+ leur faisant croire qu'il s'agit d'un nouveau mode de vie"Samuel Nartey George, député ghanéenà l'AFPUn président en porte à fauxRéélu pour un second mandat en décembre dernier, le président Nana Akufo-Addo avait affirmé qu'il ne légaliserait pas les mariages entre personnes de même sexe. Le débat sur l’homosexualité a quand même été relancé, notamment par des députés d’opposition, pour le déstabiliser. Si le texte de loi est adopté, c’est lui qui doit trancher au final. Or ce texte ne choque pas grand monde dans le pays où l’homosexualité reste taboue.Selon un sondage du groupe de recherche Afrobarometer publié en 2014, 90% des Ghanéens se prononcent en faveur d'une loi criminalisant les relations entre personnes de même sexe.Une montée de l'homophobie Ce débat intervient au moment où le président tente d'attirer les Afro-Américains et les Ghanéens de la diaspora pour qu'ils s'installent dans le pays, qui traverse une crise économique. La communauté internationale et les défenseurs des droits humains ont largement condamné cette proposition de loi qui favorise indirectement les discriminations et agressions à l’encontre des personnes homosexuelles. Si le Ghana adopte ce texte, il suivrait le même chemin que le Nigeria et l'Ouganda.Or, ces lois favorisent indirectement les discriminations et agressions, s'inquiètent les défenseurs de droits humains. Le débat, à lui seul, "a déjà conduit à une augmentation de l'homophobie", comme l’affirme à l’AFP, Danny Bediako, directeur de l'ONG Rightify Ghana.