Gabon : présidentielle sous très haute tension
Ali Bongo, 50 ans, investi par le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), a pu profiter de cette véritable machine électorale qui contrôle l'administration. Officiellement, le PDG a remporté haut la main toutes les élections nationales depuis l'avènement du multipartisme en 1990. Face à lui, officiellement 22 candidats, dont cinq se sont désistés en faveur de l'ancien ministre de l'Intérieur (2005-2009) André Mba Obame, dit "AMO". Toute la campagne, Ali Bongo a été la cible de la plupart des candidats et du slogan "TSA: Tout sauf Ali". "Si Ali gagne, on va gaspiller (casser)", ont affirmé des jeunes lors de meetings de l'opposition.
Figure de proue de l'opposition à Omar Bongo pendant une vingtaine d'années, à tel point qu'il fut un temps contraint à l'exil au Sénégal, Pierre Mamboundou est l'un des rares candidats à n'avoir aucun lien avec le régime Bongo. Il pourrait donc attirer les voix des partisans d'un changement radical par rapport aux 40 dernières années. André Mba Obame, ancien ministre de l'Intérieur et membre du PDG, a, lui, enregistré jeudi le ralliement de cinq autres candidats indépendants autour de son nom. Enfin, Casimir Oye Mba est un ancien Premier ministre, adversaire d'Ali Bongo Ondimba pour l'investiture du PDG qui a quitté le parti après la victoire de son rival.
En dépit de la pluralité de candidats, d'autres craignent pourtant que les fraudes qui ont entaché beaucoup des élections d'Omar Bongo ne se répètent dimanche.
Bruno Ben Moubamba, un des candidats de l'opposition, a ainsi mené une grève de la faim pour protester contre le "coup d'état électoral" d'Ali Bongo et du PDG. "Ali Bongo ne peut même pas obtenir 5% des voix dans son village natal. Après 41 ans, les gens sont fatigués. Ils veulent un changement" , affirme Bruno Ben Moubamba, qui craint des violences si Ali Bongo était élu. "Nous sommes dans une situation de violence latente.
C'est comme si le pays tout entier était trempé dans l'essence. Il ne suffit que d'une seule allumette".
Plusieurs présidentiables ont dénoncé la liste électorale qui compte 813.164 électeurs pour une population jeune estimée à 1,5 million d'habitants. Autre crainte des observateurs, le mode de scrutin lui-même. Le vainqueur de l'élection de dimanche sera en effet élu à la majorité simple au premier tour, et n'aura donc pas besoin d'obtenir 50% des voix pour l'emporter. D'où une légitimité réduite.
Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé un "accès restreint des journalistes aux bureaux de vote, de sévères mises en garde, intimidations, refus d'accréditations pour certains médias étrangers". "Le vainqueur sera de toute façon mal élu", souligne un conseiller de la présidence. Un autre redoute un "repli identitaire autour des ethnies". De nombreux observateurs et candidats s'attendent pour ces raisons à des troubles post-électoraux.
Caroline Caldier avec agences
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