Gabon: couvre-feu à Port-Gentil après les violences
"Le couvre-feu a été instauré ce jeudi, à partir de 20H00 et jusqu'à 06H00 (05H00 GMT)" et la mesure sera appliquée de vendredi à samedi, a expliqué le ministère. Une mesure "susceptible d'être prorogée" si le calme ne revient pas à l'issue de ce délai. Des mesures de sécurité supplémentaires pourraient également être prises à travers le pays.
L'annonce tardive dans la matinée de la victoire contestée d'Ali Bongo, fils du défunt chef de l'Etat gabonais, a provoqué des troubles dans la journée dans la capitale Libreville et à Port-Gentil, plaque tournante de l'exploitation pétrolière de cette ex-colonie française d'Afrique centrale.
Pendant qu'étaient égrenés les résultats de l'élection présidentielle du 30 août, des partisans de l'opposant historique et candidat à la présidentielle Pierre Mamboundou ont attaqué la prison de Port-Gentil. Ils ont libéré les prisonniers avant de se diriger vers le centre-ville où des barricades ont été dressées.
La France visée
Peu après la publication des résultats, à la mi-journée, le consulat général de France dans la ville a été incendié. Selon Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la Coopération, 70 à 80 soldats français ont été "sollicités" lors des incidents devant la représentation consulaire, précisant que la France n'avait pour l'instant pris aucune "mesure de grande ampleur" au niveau militaire.
Des échauffourées ont causé "quelques dégâts matériels à proximité" aux abords de la grande concession Total-Gabon à Port-Gentil , a fait savoir de Paris la compagnie française, en précisant que les bâtiments n'avaient pas été endommagés. Le siège de Total Gabon a, lui, été attaqué et trois stations-service ont été endommagées ou pillées.
D'autres manifestations contre les installations du groupe franco-américain Schlumberger ont fait deux blessées. Selon Schlumberger, une employée, de nationalité polonaise, a été "grièvement blessée".
Appel au calme
Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a condamné "très fermement les atteintes à l'ordre public" et a réaffirmé que "la France n'a pas eu de candidat, n'a défendu personne et n'est pas intervenue, jamais, jamais, jamais", alors qu'une partie de l'opposition gabonaise la soupçonne d'avoir soutenu Ali Bongo.
Paris a également "appelé au calme" et a recommandé à ses ressortissants de "rester chez eux" . Bernard Kouchner a confirmé que les plans d'évacuation et les centres de regroupements "sont prévus depuis longtemps". Mais "rien n'a été mis sous tension pour le moment", a-t-il ajouté.
Environ 10.000 ressortissants français sont établis dans le pays et la France dispose d'une base militaire au Gabon, avec un millier d'hommes.
Le fils d'Omar Bongo, Ali Bongo, 50 ans, a remporté l'élection, à un tour, tenue le dimanche 30 août devant André Mba Obame (25,88% des voix), ex-ministre de l'Intérieur, et Pierre Mamboundou (25,22%), candidat indépendant, selon le ministère de l'Intérieur gabonais.
Les deux candidats malheureux, qui avaient dès dimanche soir revendiqué avoir remporté la présidentielle, ont publiquement estimé qu'une victoire d'Ali Bongo ne pouvait avoir eu lieu sans fraude.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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