Fusillade en Afrique du Sud : le pays s'interroge après la mort de 34 mineurs
Les enquêteurs sont arrivés sur les lieux. Ils doivent déterminer les responsabilités, entre policiers et grévistes.
AFRIQUE - Le temps est désormais aux questions. Une première enquête a été ouverte samedi 18 août sur les responsabilités de la police dans la fusillade qui a fait 34 morts jeudi à la mine de Marikana (Nord), alors que de nombreuses familles sont toujours à la recherche d'un proche. Sonnée par cet événement, dont les images ont beaucoup choqué, l'Afrique du Sud s'interroge sur les causes profondes du malaise social qui a conduit au drame.
Deux enquêtes en cours
Des experts de la police des polices sont arrivés dans la matinée sur les lieux. Ils sont chargés de déterminer si la réaction des policiers était proportionnelle à la menace des mineurs. Une autre enquête interne à la police a également été ouverte pour faire la lumière sur ce drame. De son côté, le président Jacob Zuma a annoncé vendredi la mise en place prochaine d'une commission d'enquête plus large concernant l'événement.
Une responsabilité partagée, selon les analystes
Pour la plupart des commentateurs, la police, mal équipée et mal préparée d'un côté, et les grévistes, violents et armés d'armes blanches, sont aussi respnosables l'un que l'autre.
"Il y a une semi-militarisation de la police, qui n'est pas entraînée pour faire face aux manifestations d'une façon pacifique. Ils préfèrent utiliser la force, tirer sur les gens", dénonce ainsi l'analyste politique Dirk Kotze, de l'Université d'Afrique du Sud (Pretoria). De fait, les policiers déployés face aux grévistes n'avaient ni boucliers ni protections lourdes, mais étaient armés de fusils automatiques.
L'incapacité des syndicats à encadrer et à prévenir le mouvement est également mise en cause. "Les leaders syndicaux ont agi de façon irresponsable, dans une culture de la grève où la violence est un élément permanent", estime le politologue Ebrahim Fakir.
L'après-apartheid en question
Mais plus largement, c'est l'incapacité du gouvernement à gérer ce genre de crise, et surtout à améliorer les conditions de vie de la classe ouvrière, 18 ans après la chute de l'apartheid, qui est aujourd'hui dénoncée. Pour l'analyste Adam Habib, de l'Université de Johannesburg et cité par l'AFP, la société sud-africaine "est devenue volatile (...) les gens vivent toujours dans les mêmes conditions qu'au début du 20e siècle".
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