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Frappes aériennes : la Ligue arabe prend ses distances

Alors que les pays occidentaux avaient obtenu le soutien d'une partie des pays arabes et africains pour légitimer leur intervention contre Mouammar Kadhafi, le chef de la Ligue arabe Amr Moussa a critiqué aujourd’hui les bombardements de la coalition internationale sur la Libye, estimant qu'ils allaient au-delà de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne. Parallèlement, de plus en plus de voix s’élèvent à l’international pour dénoncer les frappes et mettre en garde contre une escalade de la violence.
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France ©Reuters)

Hier, au sommet international précédant les premiers bombardements, la Ligue arabe s'était prononcée en faveur d'une zone d'exclusion aérienne. Mais d’après Amr Moussa, "ce qui s'est passé en Libye diffère du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne".

Le chef de la Ligue arabe rappelle ses objectifs, "ce que nous voulons, c'est la protection des civils et pas le bombardement d'autres civils."

Cet après-midi, le ministre britannique de la Défense Liam Fox a indiqué sur la BBC qu'un premier pays arabe était sur le point de se joindre à l'offensive internationale, sans préciser lequel. "J'espère que nous verrons, j'espère d'ici ce soir et certainement d'ici demain soir, le premier des pays arabes participer et dépêcher des éléments sur zone", a-t-il déclaré.

Il a ajouté avoir parlé "à certains dirigeants de pays arabes" et aurait reçu "une réponse très positive".

Seul le Qatar a pour l'instant confirmé officiellement sa participation aux opérations militaires en Libye. Un diplomate de l'ONU a également annoncé l'engagement des Emirats arabes unis, qui n'a pas été confirmé.

  • Cinq présidents africains réclament la fin des combats

    Les cinq chefs d'Etat chargés par l'Union africaine de trouver une solution à la crise libyenne exigent eux la fin des hostilités. Les présidents sud-africain, malien, mauritanien, congolais et ougandais ont estimé qu'une solution "africaine" devait être trouvée au conflit entre les forces kadhafistes et l'insurrection partie de l'Est libyen. Ils ont appelé les deux parties à mettre un terme aux combats immédiatement, sans mentionner explicitement l'intervention de la coalition.

    "Il faut une action urgente pour une solution africaine à la crise gravissime que traverse ce pays frère", a dit le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui présidait ce panel:"Cette solution doit être conforme à notre attachement au respect de l'unité et de l'intégrité territoriale de la Lybie, ainsi qu'au rejet de toute intervention militaire étrangère, quelle qu'on soit la forme".

  • La Russie dénonce un recours aveugle à la force

    Dans le même temps et sans surprise, la Russie et la Chine ont rappelé leurs regrets face à cette intervention militaire. Les deux pays se sont abstenus lors du vote au Conseil de sécurité, sans pour autant exercer leur droit de veto afin de bloquer le processus.

    La Russie a été plus claire aujourd'hui en appelant la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis à cesser les raids aériens contre ce qu'elle a qualifié de "cibles non militaires" en Libye. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Alexander Loukachevitch a souligné que les attaques avaient fait des victimes civiles et estimé que les frappes aériennes outrepassaient le mandat donné par la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies: "Nous appelons dès lors les pays impliqués à cesser le recours non sélectif à la force".

  • L'Iran jette le doute sur les motivations occidentales

    Enfin l’Iran a exprimé des doutes en ce qui concerne les réelles intentions de la coalition. "Le passé et l'action des pays dominateurs (Occidentaux, ndlr) pour occuper les pays opprimés met toujours en doute leurs véritables intentions dans ce type d'action", a déclaré Ramin Mehmanparast, ministre iranien des affaires étrangères;
    "ces pays entrent en général en action avec des slogans trompeurs de soutien aux peuples, mais en réalité ils cherchent leurs intérêts et notamment pour établir des bases militaires afin de poursuivre leur politique colonialiste et leur domination sous des formes nouvelles".

    Pauline Turuban, avec agences

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