Famine au Sud Soudan : le témoignage terrifiant de Grace, réfugiée en Ouganda
Dans la ville ougandaise de Bussia, à la frontière avec le Sud Soudan, des milliers de réfugiés arrivent par petits groupe, fuyant la guerre, la famine et les massacres. Parmi eux, Grace, livrée à elle-même après la mort de son fils et son mari.
Les Nations unies ont récemment considéré qu’il s’agissait de la pire crise depuis 1945 : plus de 20 millions de personnes sont menacées par la famine sur une zone allant du Nigéria au Yémen, en passant par le Sud Soudan. Depuis le mois de juillet, les combats se sont intensifiés, provoquant l’exode de 550 000 réfugiés traumatisés, coupés de toute ressources qui arrivent par petits groupes en territoire ougandais.
85% de ceux qui passent la frontière sont des femmes accompagnées de leurs enfants. Grace a 23 ans. Elle vient d'arriver. Son bébé est enveloppé dans un tissus qu'elle a noué sur sa poitrine. Elle est désemparée, en pleurs. Elle a tout laissé derrière elle. "Un soir, mon mari est allé chercher des piles pour que nous ayons de la lumière. Et il a été tué", raconte la jeune fille. "Il n'y a plus personne pour s'occuper de moi. Je suis seule", ajoute-t-elle.
Sur les routes, le danger des bandes armées
Il y a plusieurs jours, Grace a donc quitté sa maison et a pris la route pour l'Ouganda. "Je suis restée pendant presque une semaine, avec un peu d'eau, à manger des racines", raconte-t-elle. On ne parle pas encore de famine ici : les familles touchées sont encore au Sud Soudan, prises au piège. Les autres se débrouillent dans la brousse, évitant les routes, où ils pourraient être les proies des bandes armées ou des forces du régime.
C'est ce qui est arrivé au groupe avec lequel Grace a voyagé : "Nous n'avions rien, donc ils ont décidé de prendre les jeunes enfants. On s'est mis à courir. Je ne me suis pas rendu compte que mon fils était derrière moi et il a été tué." Grace est revenue sur les lieux deux jours plus tard. Elle a récupéré la tête de son fils. Son corps, lui, n'était plus là.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.