Cet article date de plus de huit ans.

Ethiopie : la contestation s’installe contre le pouvoir en place

Plusieurs personnes ont été tuées le 2 octobre 2016 dans une bousculade provoquée par des tirs de sommation de la police lors d’un festival religieux en Ethiopie. De nombreux opposants au régime étaient présents à ce rassemblement, qui se déroulait dans la région d’Oromia au sud d’Addis Abeba.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
De jeunes Ethiopiens croisent les bras, en signe de protestation, lors d'un festival dans la région d'Oromia, le 2 octobre 2016.  (Reuters / Tiksa Negeri)

C’était censé être une fête. Des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées sur les bords d'un lac dans la ville de Bishoftu, au sud de la capitale Addis Abeba, pour assister à la cérémonie de l'Irreecha qui marque la fin de la saison des pluies.

Parmi les participants, de nombreux opposants croisaient les bras au-dessus de la tête, un geste devenu le symbole de protestation contre le régime en Ethiopie. La manifestation a vite dégénéré et les tirs de sommation ont provoqué un mouvement de panique faisant des dizaines de morts.
 
Près d’un an de contestation
L'Ethiopie est en proie à un mouvement de contestation anti-gouvernementale sans précédent depuis une décennie. Il a commencé en région oromo (centre et ouest) en novembre 2015 et s'est étendu depuis l'été 2016 à la région amhara (nord).
Les deux ethnies oromo et amhara représentent plus de 60% de la population.
 
Pourquoi cette colère ?
«Ce gouvernement est une dictature. Il n'y a pas d'égalité, ni de liberté d'expression. Il n'y a que le TPLF (Front de libération des peuples de Tigré)», explique à l'AFP Mohamed Jafar, un des  manifestants. La minorité des Tigréens qui compose seulement 6% de la population éthiopienne est accusée d’accaparer le pouvoir et de dominer la vie politique et économique du pays.

Les régions Oromia (rouge) et Ahmara (jaune) sont les régions les plus peuplées de l'Éthiopie (frontières en vert), pays pourtant contrôlé par les Tigréens (dont la région est en vert). La capitale, Addis-Abeba, ne dépend pas de la région Oromia: elle dispose de sa propre administration. © (© Valentin Pasquier / CartoDB)
 
Croissance et frustrations
Si l’Etat se targue d’un développement économique incontestable avec un taux de croissance de 10%, la répartition de cette croissance est très inégale. Les dirigeants issus pour la plupart de l’ethnie tigréenne ont investi dans leurs régions. «Les groupes plus importants, les Oromos et les Amharas, ont de plus en plus le sentiment d’être écartés des décisions prises à la capitale, Addis-Abeba. Ils souhaitent depuis longtemps une réforme des régions ethniques du pays», comme le souligne Roland Marchal, chercheur au CNRS dans une interview à Géopolis. De nombreux Ethiopiens dénoncent en outre la répression de toute contestation.
        

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.