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Ethiopie : la contestation s’installe contre le pouvoir en place
Plusieurs personnes ont été tuées le 2 octobre 2016 dans une bousculade provoquée par des tirs de sommation de la police lors d’un festival religieux en Ethiopie. De nombreux opposants au régime étaient présents à ce rassemblement, qui se déroulait dans la région d’Oromia au sud d’Addis Abeba.
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C’était censé être une fête. Des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées sur les bords d'un lac dans la ville de Bishoftu, au sud de la capitale Addis Abeba, pour assister à la cérémonie de l'Irreecha qui marque la fin de la saison des pluies.
Parmi les participants, de nombreux opposants croisaient les bras au-dessus de la tête, un geste devenu le symbole de protestation contre le régime en Ethiopie. La manifestation a vite dégénéré et les tirs de sommation ont provoqué un mouvement de panique faisant des dizaines de morts.
Près d’un an de contestation
L'Ethiopie est en proie à un mouvement de contestation anti-gouvernementale sans précédent depuis une décennie. Il a commencé en région oromo (centre et ouest) en novembre 2015 et s'est étendu depuis l'été 2016 à la région amhara (nord).
Les deux ethnies oromo et amhara représentent plus de 60% de la population.
Pourquoi cette colère ?
«Ce gouvernement est une dictature. Il n'y a pas d'égalité, ni de liberté d'expression. Il n'y a que le TPLF (Front de libération des peuples de Tigré)», explique à l'AFP Mohamed Jafar, un des manifestants. La minorité des Tigréens qui compose seulement 6% de la population éthiopienne est accusée d’accaparer le pouvoir et de dominer la vie politique et économique du pays.
Croissance et frustrations
Si l’Etat se targue d’un développement économique incontestable avec un taux de croissance de 10%, la répartition de cette croissance est très inégale. Les dirigeants issus pour la plupart de l’ethnie tigréenne ont investi dans leurs régions. «Les groupes plus importants, les Oromos et les Amharas, ont de plus en plus le sentiment d’être écartés des décisions prises à la capitale, Addis-Abeba. Ils souhaitent depuis longtemps une réforme des régions ethniques du pays», comme le souligne Roland Marchal, chercheur au CNRS dans une interview à Géopolis. De nombreux Ethiopiens dénoncent en outre la répression de toute contestation.
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