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En Ethiopie, des religieux encouragent la "thérapie de conversion" pour les homosexuels

Les pressions s’accentuent sur les minorités sexuelles et des appels sont lancés pour les "corriger" ou les punir sévèrement.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Un drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT, lors de la Gay Pride à Durban, en Afrique du Sud, en juin 2018.  (RAJESH JANTILAL / AFP)

Plusieurs religieux éthiopiens de l’Eglise orthodoxe ont formé, le 8 septembre 2019, une association pour faire face à la "propagation" de l’homosexualité dans le pays.

La conversion comme seul choix

L'homosexualité est plus qu’un tabou en Ethiopie. Elle fait peur et inquiète, notamment les religieux qui se mobilisent pour éloigner, voire éradiquer, ce qui est à leurs yeux une déviance. Et pour cela, ils misent sur la "thérapie de conversion", utilisée par leur mentor, Dereje Negash, un prêtre chrétien orthodoxe en guerre contre les homosexuels depuis plus de dix ans.

Notre but n’est pas d’attaquer ou de détruire les homosexuels, mais de les éduquer et les conduire vers la vérité

Dereje Negash, prêtre chrétien orthodoxe

à l'AFP

Une pratique répandue  

La "thérapie de conversion" dite parfois "thérapie réparatrice" n’a évidemment rien de scientifique. Souvent proposée par des milieux religieux, cette pratique est très répandue en Afrique, selon un rapport publié en août 2019 par l’organisation Outright Action International, basée à New York. Elle vise à renier l’homosexualité, considérée comme "un péché". La "thérapie" prétendant modifier l'orientation sexuelle se pratique aussi en France où elle est mal identifiée, comme le rappelle France Inter.

La thérapie de conversion a été totalement discréditée. Il n’y a aucune institution internationale légitime de santé ou académique qui la soutiennent encore

Dagmawi Woubshet, professeur de littérature éthiopien à l'université de Pennsylvanie

à l'AFP

Prières, jeûne et  "guérison" 

Dereje Negash, le prêtre éthiopien qui promeut la "thérapie de conversion", n’a lui aucun doute sur son efficacité. Sa propre méthode est une sorte de retraite spirituelle où les personnes homosexuelles, qui n’assument pas leur différence, font une introspection, visitent des monastères et multiplient les prières. A la fin du programme, si certains se disent "guéris" ou soulagés, c’est tout simplement parce qu’ils renient leur homosexualité, si difficile à assumer face à leur famille et leur communauté.

Prison à vie

En Ethiopie, 97% de la population n’acceptaient pas l’homosexualité en 2007, selon un sondage publié cette année-là par le centre recherche américain Pew Research. Les mentalités n’ont pas évolué depuis et une grande majorité pense toujours que l'homosexualité est une tendance ou une "maladie" importée de l'Occident.

"Le problème s’aggrave, l’homosexualité se répand et affecte beaucoup d’enfants", explique à l’AFP le père Dereje Negash. Lui et d’autres religieux sont en campagne contre l’homosexualité pour "sauver" les jeunes. Ils réclament un durcissement de la loi. Elle prévoit pourtant déjà jusqu’à 15 ans de prison, mais les arrestations sont rares. Ils souhaitent, dans certains cas d'actes homosexuels, "25 ans de prison, voire l’emprisonnement à vie".

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