Suisse: des réfugiés érythréens hébergés dans un monastère
L’abbaye d’Einsieldeln et sa mystérieuse Vierge noire attirent chaque année plus d'un million de pèlerins de toutes les religions. Mais depuis début octobre 2014, les moines du célèbre monastère, datant de 934, logent une trentaine d’Erythréens dans un bâtiment d'ordinaire réservé aux pèlerins. Une petite salle de classe, où les demandeurs d'asile suivent tous les jours des cours d'allemand, ainsi qu'une cuisine où ils peuvent préparer des repas, ont été mises à leur disposition. Un repas chaud par jour leur est servi dans un réfectoire.
Entre juillet et septembre 2014, la Suisse a reçu plus de 7.800 demandes d'asile. Une hausse de 45% par rapport à la même période en 2013 qui s'explique avant tout par l'arrivée continue de migrants ayant accosté au sud de l'Italie, avant de poursuivre leur route vers le nord.
Depuis le début 2014, le pays doit gérer 25.000 demandes d'asile contre 21.500 pour l’ensemble de l’année 2013. Sur 3.500 requêtes supplémentaires, près de la moitié des nouveaux requérants étaient originaires d'Erythrée. Cette augmentation est liée à la perte de contrôle des autorités libyennes sur de grandes parties de leur zone côtière, ce qui permet aux organisations de passeurs d'opérer pratiquement sans entraves, écrit l'Office fédéral des migrations (ODM).
Plutôt orthodoxes que catholiques
Selon la tradition bénédictine, «chaque personne qui frappe à la porte du monastère a le droit d'être entendue», rappelle le père supérieur Urban Federer. La plupart des Erythréens sont des chrétiens pratiquants, plutôt orthodoxes que catholiques, et beaucoup se disent soulagés d'avoir pris leurs quartiers provisoires dans l’abbaye d’Einsieldeln.
Certains ont décrit leur voyage à travers le désert, du Soudan vers la Libye, à la merci des trafiquants et nombre d'entre eux ont risqué leur vie en traversant la Méditerranée. «J'ai été torturé» par des trafiquants en traversant la Libye, et «j'ai failli mourir», témoigne Nuguse Teklestion, 21 ans.
Le père Urban, qui se dit heureux d'accomplir «son devoir spirituel» en accueillant les réfugiés, reconnaît cependant qu'une partie des 15.000 habitants d'Einsiedeln appréhende leur arrivée. La Suisse est l'un des pays en Europe qui accueille le plus grand nombre de réfugiés par rapport à sa population. Mais dans les cantons traditionnels et conservateurs comme Schwyz, le ressentiment à leur égard augmente. L'hospitalité des moines devrait permettre à ces requérants érythréens, jamais aussi nombreux en Suisse, de souffler pendant trois mois.
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