Cet article date de plus de sept ans.

Niger: le désert a déjà colonisé les trois quarts du pays

La météorologie nationale enregistre régulièrement des pics de chaleur de plus de 50 degrés celcius dans le nord du pays. Ailleurs, le mercure oscille entre 30°C et 45°C à l’ombre. L’eau se fait rare. Le couvert végétal régresse. En première ligne, les paysans, menacés par la famine, fuient les campagnes.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un homme observe les dunes qui colonisent la région de Diffa dans le sud-est du Niger, le 26 mai 2015. (Photo AFP/Boureima Hama)

Depuis trois décennies, experts et autorités du pays s’inquiètent des brusques montées de températures dans ce pays sahélien. Le désert s’étend inéluctablement en engloutissant les rares terres fertiles. «Les quantités de pluies baissent, le couvert végétal régresse et des espèces animales s’éteignent», explique, à l’AFP, un dirigeant syndicaliste des agents de l’agriculture du Niger.
 
La coupe sauvage de bois mise en cause
Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement, les zones forestières du sud du pays ont perdu un tiers de leur surface. Au Niger, plus de 90% des ménages n’utilisent que le charbon de bois.
 
En 2014, les nigériens ont consommé quelques 200.000 tonnes de bois pour faire la cuisine, soit l’équivalent de 100.000 hectares de forêts. L’impact du déboisement sauvage est catastrophique pour le pays. La canicule qui règne dans le nord désertique gagne progressivement les autres régions du pays. «Faute d’eau et d’herbe, mes bœufs et moutons sont morts un à un», se plaint un éleveur peul du centre du pays, interrogé par l’AFP.
 
Traqués par la misère, les paysans fuient les campagnes pour les grands centres urbains où ils tentent de se reconvertir. Ceux qui restent s’exposent à des conflits meurtriers autour de lopins de terre ou de points d’eau qu'ils défendent.

Des cavaliers touaregs dans la région d'Agadez, porte d'entrée du désert du Sahara dans le Nord du Niger. (Photo AFP)

Le pays ne peut plus nourrir sa population
Les autorités de Niamey le reconnaissent: la famine menace deux millions et demi de personnes dans le pays. La lutte contre la désertification est devenue une urgence nationale.
 
Aussi, le Niger compte sur l’initiative lancée à Paris pour restaurer 100 millions d’hectares de forêts et de terres agricoles d’ici 2030 en Afrique. Il fait partie des dix pays engagés dans ce programme ambitieux, annoncé en marge de la conférence climat de Paris.
 
«Nous savons que la remise en état des forêts et des terres marche pour l’Afrique. Nous l’avons vu au Malawi, en Ethiopie et au Mali», a estimé Assane Mayaki, ancien Premier ministre du Niger. Ce programme bénéficiera de financements de la Banque mondiale et d’investissements de la part du secteur privé.
 
Insécurité alimentaire aggravée par Boko Haram 
Les crises alimentaires au Niger sont récurrentes. Mais elles ont été aggravées par l’arrivée de quelque 150.000 réfugiés nigérians fuyant les attaques de Boko Haram. En février 2015, le Programme alimentaire mondial avait dû retirer ses équipes dans cette région du bassin du lac Tchad, en raison de l’insécurité.

Dans la région de Diffa, au sud-est du Niger, des plantations d'arbres sur les dunes pour freiner la progression du désert. (Photo AFP/Issouf Sanogo)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.