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Les exportations de farine et d'huile de poisson pour l’aquaculture contribuent à l'insécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest, selon Greenpeace

Greenpeace appelle les pays ouest-africains à arrêter la production d'huile et de farine de poisson et à donner la priorité à la consommation humaine des produits de la pêche.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Les pêcheurs artisanaux de Dakar affichent une banderole "Stop à la farine de poisson", le 14 septembre 2019. Un rapport de Greenpeace de juin 2021 dénonce la production industrielle de ces farines.
. (KHALILUS/ Greenpeace)

Un rapport de l'ONG Greenpeace et de la fondation Changing Markets dénonce la transformation en farine et en huile du poisson sauvage pêché sur les côtes ouest-africaines, pour finalement alimenter le poisson d’élevage en Europe et Asie. "Les producteurs de farine et d'huile de poisson destinées aux industries européennes et asiatiques privent les populations d'Afrique de l'Ouest d'une part importante de leur alimentation et contribuent au pillage des ressources halieutiques", dénonce ce rapport publié le 1er juin 2021.

Des ressources surexploitées

La production de farine et d'huile de poisson dans cette région du continent est passée de 13 000 tonnes en 2010 à 170 000 tonnes en 2019, selon Greenpeace, qui tire la sonnette d'alarme depuis plusieurs années. 500 000 tonnes de poisson sont transformées chaque année en farine et huile pour des secteurs comme l'aquaculture, l'agriculture, les compléments alimentaires, les cosmétiques et le bétail, estime l'ONG de défense de l'environnement.

Greenpeace relève que, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les principales espèces utilisées pour cette production, la sardinelle et l'ethmalose (sardine des estuaires, ou bonga), sont "surexploitées".

"Il est temps de repenser les chaînes d’approvisionnement et de supprimer rapidement l’utilisation de poissons sauvages dans la nourriture des poissons d’élevage et d’autres animaux, afin de préserver ces populations de poissons sauvages pour les générations futures”

Alice Delemare Tangpuori, fondation Changing Markets

dans le rapport de Greenpeace/Changing Markets

Une menace pour la sécurité alimentaire

L'Union européenne est le principal marché de ces produits. "En 2019, plus de 70% de l'huile de poisson produite en Mauritanie a été destinée à l'UE", tandis qu'une bonne partie de la production du Sénégal va en Espagne, selon ce rapport. La Chine, où la demande en farine de poisson a explosé en raison des besoins accrus dans l'aquaculture, figure également parmi les principaux destinataires, avec d'autres pays asiatiques comme le Vietnam et la Malaisie.

Les populations les plus affectées "sont les femmes qui traditionnellement font du poisson fumé, salé et séché qu'elles écoulent sur le marché local, et les pêcheurs artisanaux".

Signe d'un début de prise de conscience, l’Agence nationale de l’environnement de la Gambie a émis un "avis d’arrêt" à l'extension d'une usine chinoise (Golden Lead) de farine de poisson présente dans le pays.

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