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COP23. Les collectivités locales africaines veulent «un guichet au Fonds vert»
Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLUA), qui réunit les autorités locales, a de nouveau plaidé pendant la COP23 pour que les collectivités locales africaines aient un accès plus aisé aux ressources financières mises à disposition par le Fonds vert climat. Entretien avec Jean-Pierre Elong Mbassi, le secrétaire général de l'organisation panafricaine.
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Pourquoi militez-vous pour que les autorités locales aient un accès plus facile au Fonds vert climat?
Les accords de Paris prescrivent que chaque pays doit mettre en œuvre des engagements décidés au plan national (CDN). Ces engagements, provisoires, sont devenus définitifs à la signature de l’accord de Paris, à la surprise générale de ceux qui avaient cru qu’ils auraient le temps de définir des engagements définitifs.
Cités et gouvernements locaux d'Afrique a récemment démontré aux Etats qu’il n’y a pas de mise en œuvre des engagements nationaux sans dimension locale. Par conséquent, nous souhaitons que les collectivités locales soient partie prenante de l’agenda climat parce qu'au moins 60% des émissions de gaz à effet de serre et 60 à 80% des impacts du changement climatique se ressentent dans les villes et territoires.
Comment comptez-vous y parvenir?
Le Fonds vert climat a été mis en place pour permettre d’agir. La souscription, c’est 100 milliards de dollars par an: 50% pour l’atténuation, 50% pour l’adaptation. Il y avait déjà un mécanisme de ce type derrière le protocole de Kyoto, à savoir le Fonds d’adaptation.
Cependant, moins de 2% des ressources mises à disposition par ce fonds ont atteint l’Afrique. Raison avancée pour expliquer cet état de fait: les Africains n’ont jamais présenté de projets éligibles. Aujourd’hui, nous ne voulons pas rater cette opportunité du Fonds vert, du moins ne pas se voir répondre la même chose en 2020 quand l’Afrique n’aura toujours pas présenté des projets susceptibles d’être retenus par le fonds vert.
Vous n’êtes pas rassuré par le fait que le Fonds vert a déjà financé quelques projets africains?
Ce sont des projets d’Etat et actuellement tous les fonds transitent par lui. Et quand il y a des ressources qui s’amenuisent, l’Etat se les garde. Or, si l’argent ne descend pas au niveau des territoires, le pouvoir central n’obtiendra pas les résultats souhaités.
Aussi, les autorités locales souhaitent-elles, en premier lieu, qu’il y ait un programme important de mise à niveau des collectivités locales d’Afrique afin qu’elles préparent des dossiers éligibles au Fonds vert climat. Il faut donc un programme de renforcement des capacités et un autre d'assistance technique. Ensuite, le mieux c’est quand même que le Fonds vert climat mette en place un guichet pour les collectivités locales, et en particulier pour l’Afrique. Nous souhaitons enfin que le CGLUA soit reconnu comme un partenaire du Fonds vert afin que nous instruisions les dossiers pour s’assurer de leur adéquation avec les règles d’éligibilité du Fonds.
Ce dernier a édité trois règles d’éligibilité des projets. Il faut que tout ce qui est fait soit mesurable, reportable et vérifiable. Nous allons outiller les collectivités pour qu’elles remplissent ces conditions. Nos doléances ont déjà été présentées à la COP22 sans que nous n’obtenions de réponse claire. Nous avons réitéré nos demandes auprès de la COP23 en espérant avoir une réponse plus claire. Cela n'a pas été le cas. Nous allons poursuivre les discussions avec le Fonds vert.
Etes-vous associées à d'autres collectivités locales dans le monde dans votre plaidoyer?
Les experts estiment que les engagements actuels des Etats aboutissent à une hausse des températures de 3 degrés, au-delà des 2 degrés prescrits par l'accord de Paris. Et les collectivités locales dans leur ensemble ont affirmé qu'elles pouvaient, elles, atteindre l'objectif fixé à Paris, voire même arriver à 1,5. Les collectivités locales peuvent faire cet effort mais la communauté internationale doit les accompagner.
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