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La situation en Egypte vue par la presse israélienne

En Israël, la presse s’intéresse de près à ce qui se passe en Egypte. Comme nombre d’observateurs étrangers, elle s’interroge sur l’avenir de ce pays. Seul parmi les journaux consultés, «Yediot Aharanot», le plus grand quotidien israélien, s’inquiète vraiment d’une situation incontrôlable qui aurait inévitablement des conséquences pour l’Etat hébreu.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un partisan du président islamiste, Mohamed Morsi, avec une affiche du dirigeant égyptien après des affrontements avec des manifestants laïcs à Giza, dans la banlieue du Caire (3-7-2013) (Reuters - Amr Abdallah Dalsh)

Pour décrire les évènements actuels au pays des Pharaons, le Jerusalem Post (indépendant) a la métaphore sportive. A ses yeux, ils rappellent «un match de sport où une équipe (le camp laïc, NDLR) a pris l’avantage à la dernière seconde et conserve la balle, tâchant de gagner du temps pour assurer la victoire».
 
Selon le journal, maintenant que l’armée pointe le bout de son nez, «il y a peu de chance que soit trouvée une solution de réconciliation». Ce qui augmente les risques d’affrontements. Mais les militaires ne veulent pas d’«une répétition de ce qui s’est passé en Algérie», qui a subi une sanglante guerre civile dans les années 90. Ce qui est donc, a priori, rassurant pour l’Etat hébreu.

«Malgré le fossé qui divise la société égyptienne et la violence qui grandit dans le pays, il est prématuré de parler de guerre civile», analyse le journal gratuit Israel Hayom (droite). «La violence dans les rues a révélé l’existence de milices armées mais dans l’état actuel des choses, leur rôle est limité. L’armée égyptienne reste une force puissante capable d’intervenir pour prévenir le chaos». Il y aurait donc de quoi être optimiste…

«Une coalition laïcs-militaire est beaucoup plus naturelle que l’actuelle», poursuit le journal gratuit. «Il est possible qu’en sorte finalement quelque chose de positif pour l’Egypte, peut-être même pour nous en Israël», ajoute le quotidien. Pour lui, la défaite des Frères musulmans serait «certainement le retour du bon sens» au Caire.

Et l’économie dans tout ça ?
Mais le «bon sens» peut-il être rétabli dans le contexte actuel? Comme le dit le proverbe, «Ventre creux n’a pas d’oreille»… «L’Egypte d’aujourd’hui est une nation de 85 millions d’habitants se cherchant une direction, de l’argent et du pain», observe Israel Hayom.

La situation de l’économie «a fait descendre dans la rue des millions de jeunes qui sont au chômage et n’ont pas les moyens de gagner un salaire décent», explique de son côté Yediot Aharonot (centriste). Une situation d’autant plus préoccupante que le pays est touché par la crise sévissant dans les pays occidentaux.
 
«A moins que son économie n’effectue un redressement surprenant, l’Egypte pourrait devenir un Etat en faillite, comme la Somalie ou l’Afghanistan», poursuit le journal. «Certains pays, comme l’Iran, exploitent le manque de gouvernance d’Etats en faillite pour installer chez ces derniers des groupes terroristes qui agissent pour leur compte».

Dans l’état actuel des choses, «les généraux égyptiens restent loyaux à Washington», constate Yediot Aharonot. Ils veulent donc poursuivre l’alliance avec l’Etat hébreu. Mais que se passera-t-il demain ? «Demain, les ayatollahs de Téhéran pourraient offrir à ce régime désespéré des milliards de dollars lui permettant de subventionner les prix du pain», ajoute le quotidien… Et de conclure : «L’Egypte a besoin d’une aide financière et administrative massive, comparable à l’aide offerte à l’Europe» par les Etats-Unis après la Seconde guerre mondiale dans le cadre du plan Marshall. Toute autre alternative «serait vouée à l’échec»

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