L'écrivain égyptien Alaa El Aswani sur l'état de son pays
Vous aviez prédit les «cinq phases» de la chute de Moubarak. Comment avez-vous fait?
Je ne suis pas un professeur de science po, je suis romancier, j’essaye de rester avec les gens, de suivre ce qui se passe dans la rue. Je pensais depuis longtemps qu’il y aurait une révolution, c’est le sentiment du romancier.
Vous partagez le « désenchantement » à propos de la révolution égyptienne ?
Non il n’y a pas de déception, il y a des problèmes, car les militaires, le conseil militaire en fait a préservé le régime de Moubarak pendant 15 mois. Ils ont fait pression sur le peuple. A un moment donné, ils ont présenté le numéro deux de Moubarak, comme le candidat qui allait trouver des solutions aux problèmes qui sont en fait tous fabriqués. Et ça ne peut pas marcher. Au 2e tour, il va perdre, j’en suis sûr, la révolution continue.
L’Egypte va-t-elle pouvoir trouver les voies de la démocratie ?
Je suis contrarié mais optimiste. La révolution prend du temps, c’est un changement très profond. Il ne s’agit pas seulement d’un bouleversement politique mais aussi d’un changement culturel, une nouvelle vision du monde. Dans toutes les révolutions, on a besoin de temps. Le changement le plus important, c’est que les Egyptiens n’aient plus peur et ça c’est irréversible. C’est quelque chose que le conseil militaire ne comprend pas. Il y a eu plus de 15 000 blessés. Le peuple va gagner. La révolution va gagner.
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