Fitch abaisse la note de l'Egypte, en proie à une crise politique
EGYPTE - Alors que 50 millions d'Egyptiens sont appelés à voter samedi et dimanche pour élire leur président, l'agence de notation pointe l'instabilité politique engendrée par la dissolution de l'Assemblée.
L'agence de notation Fitch a annoncé vendredi 15 juin avoir abaissé la note en devises de l'Egypte de "BB-" à "B+", assortie d'une perspective négative, en raison des incertitudes politiques pesant sur l'avenir du pays. La note en monnaie locale a pour sa part été abaissée de "BB" à "B+".
La décision de la Cour constitutionnelle, jeudi, d'annuler les élections législatives et de "dissoudre" l'Assemblée du peuple augmente "les incertitudes pesant sur la transition politique" dans le pays, estime Fitch. "Quelle que soit l'issue de ces événements, le processus de décision politique s'en trouve compliqué, ce qui retarde l'application des réformes macroéconomiques et structurelles nécessaires pour amorcer la reprise et alléger les contraintes financières qui pèsent sur l'Egypte", a expliqué l'agence américaine dans un communiqué. De plus, "la réaction populaire à la dissolution du Parlement n'est pas claire pour l'instant", a jugé Fitch, qui envisage "une nouvelle baisse" en cas d'"éruption durable de violence politique ou d'autres revers politiques".
Une élection sous tension
La transition vers la démocratie en Egypte semble en péril au moment où le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, affronte une figure de l'ancien régime, Ahmad Chafiq, au second tour de la présidentielle, samedi et dimanche.
Des islamistes et des membres des forces politiques issues de la mouvance "révolutionnaire" ont dénoncé un "coup d'Etat" orchestré par l'armée au pouvoir après la décision de la Cour constitutionnelle. Pour un collectif de partis de gauche, laïques et libéraux, la mise hors-jeu de l'Assemblée du peuple pourrait permettre au Conseil suprême des forces armées (CSFA) de récupérer le pouvoir législatif, écrit l'AFP.
"Les acquittements dans le procès de Moubarak, la décision de donner à la police militaire et aux renseignements militaires le pouvoir d'arrêter des civils et finalement l'invalidation du Parlement (…) démontrent que le CSFA est déterminé à reproduire l'ancien régime et que la présidentielle n'est qu'une mauvaise comédie visant à permettre au CSFA de renforcer son emprise sur les rouages de l'Etat et de les mettre au service du candidat de l'ancien régime, Ahmad Chafiq", a dénoncé ce collectif dans un communiqué.
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