Egypte : elle se déguise en homme pendant 43 ans, Sissi la décore
Son histoire a ému les Egyptiens, le président a tenu à la décorer lui-même pour son courage. Sisa Abou Daooh s’est habillée en homme pendant 43 ans pour nourrir sa famille. Par peur de harcèlement, de violence à son encontre, la paysanne de 64 ans s’est travestie en homme, sans jamais avoir été prise à défaut. Elle a fait diverses tâches : confection de briques, «homme à tout faire» dans les champs. Quand sa santé a commencé à décliner, elle s’est spécialisée dans le cirage de chaussures. A la mort de son mari en 1972, alors qu’elle était enceinte de sa fille, elle décide de prendre son destin en main dans une société conservatrice où les veuves vivent de charité.
«J'avais coupé mes cheveux. J'ai commencé à porter la galabeya (longue tunique traditionnelle portée par certains Egyptiens), un turban et des chaussures d'homme pour chercher du travail, c'était dur de trouver pour une femme», témoigne-t-elle. Issue d’une famille très modeste près de Louxor, dans le sud rural et pauvre de l’Egypte, Sisa Abou Daooh refuse la charité.
«J'ai préféré travailler dur, porter des briques ou des sacs de ciment, cirer des chaussures, plutôt que mendier dans la rue pour gagner de quoi vivre et faire vivre ma fille et ses enfants. Pour me protéger des hommes, de leurs regards méchants et ne pas être stigmatisée à cause des traditions, j'ai décidé d'être un homme... de m'habiller comme eux et de travailler avec eux dans les villages où personne ne me connaissait», raconte-t-elle à Al Arabiya, cité par Le Monde.
La presse égyptienne s’est saisie de son cas pour évoquer la situation de la femme, le harcèlement qu’elle subit dans la rue. Son cas est arrivé aux oreilles du président al-Sissi qui a tenu à la décorer lui-même le 22 mars 2015 comme «Mère travailleuse exemplaire», au lendemain de la «Fête des mères», une institution en Egypte. Elle est venue dans sa tenue d’homme pour recevoir des mains du chef de l’Etat 50 000 livres égyptiennes (6 000 euros) dans un pays où le revenu moyen mensuel s'élève à 250 euros.
La charité, jamais. Sisa Abou Daooh ne veut pas s’arrêter de travailler. Elle jure de continuer à travailler dans les mêmes vêtements. «Jusqu’à ma mort», promet-elle. Tous les jours, elle se rend à la gare de Louxor pour subvenir aux besoins de sa fille, ses petits-enfants et son gendre invalide.
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