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Egypte: al-Sissi, un dictateur sorti des urnes

En Egypte, l’élection présidentielle est prolongée d'un jour, faute de participation. Le grand favori est le chef du gouvernement intérimaire, l’ancien chef des armées, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi. Une élection jouée d’avance, son unique adversaire, le leader de gauche Hamdeen Sabbahi, fait bien pâle figure. Ceci explique sans doute le taux de participation extrêmement bas de 37%.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'ancien chef des armées et homme fort de l'Egypte, le général al-Sissi, vote le 26 mai 2014 à l'élection présidentielle dont il est le favori. (AFP)

Surprise. Mardi 27 mai au soir, deux heures après la fermeture des bureaux de vote après deux jours de scrutin, celui-ci était prolongé d'une journée. Il s'agit de «permettre au plus grand nombre» de se rendre aux urnes. La raison officielle ne manque pas de sel. Il fait trop chaud! Une vague de chaleur contraint les électeurs à se déplacer que le soir.
Le scrutin est donc prolongé pour faire remonter, si possible, le taux de participation.

Car 37%, c'est bien peu pour un plébiscite espéré. D'autant que le score de référence est celui de Mohammed Morsi en juin 2012. Il avait obtenu près de 52% des suffrages avec un taux de participation de 51%. Il s'agit donc pour le maréchal al-Sissi de  faire mieux que le leader des Frères musulmans.

Car l''Armée égyptienne veut asseoir son pouvoir par une élection. Un pouvoir pris par la force le 3 juillet 2013, lorsqu’elle a destitué Mohammed Morsi, le seul président jamais élu démocratiquement.

Depuis cette date, un décompte macabre annonce 1400 morts du côté des Frères musulmans, le mouvement de Morsi.
15.000 militants seraient également emprisonnés, ce qui ferait du pouvoir en place un régime plus répressif encore que celui de Moubarak.
 
Difficile de parler d’élection libre dans ce contexte. Le parti des Frères musulmans est interdit, et il n’y a qu’un seul candidat opposé à l’ancien chef des armées, Hamdeen Sabbahi, pourtant de gauche qui, curieusement, fait figure de faire-valoir. Nassériste, il incarne les mêmes espoirs de changement social teintés de nationalisme que Gamal Abdel Nasser dans les années 60. Que vient donc faire dans cette galère celui qui arriva troisième à l’élection de 2012?
 
En 2011 déjà, cet activiste de la première heure avait surpris son monde en ne réclamant pas le transfert immédiat du pouvoir de l’armée aux civils lors de la chute de Moubarak. Visiblement, l’armée au pouvoir ne dérangeait pas ce disciple d’un certain…lieutenant-colonel Nasser !
 
Les autres partis politiques sont aux abonnés absents. Le parti Destour fondé en 2012 par le prix Nobel de la paix, Mohamed el-Baradei, et l’Alliance populaire et socialiste d'Abdel Ghafar Shokr ont décidé de soutenir Hamdeen Sabbahi.

Il faudra tout de même deux jours pour permettre aux 53 millions d’électeurs de se rendre aux urnes. Les observateurs enregistraient de longues files d'attente devant les bureaux de vote. Plus que le résultat, connu d’avance, il sera intéressant de mesurer le taux de participation. Il permettra de savoir si le peuple a plébiscité al-Sissi, et ainsi remis de nouveau son avenir dans les mains des militaires.

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