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Rwanda: le Premier ministre indien et la diplomatie de la vache

Lors d'une visite officielle le 24 juillet 2018 au Rwanda, petit pays d'Afrique de l'Est, Narendra Modi s'est plu à offrir 200 vaches laitières de race locale à des familles pauvres, vivant au sud de la capitale Kigali. Un geste qui s'inscrit dans un programme gouvernemental rwandais lancé en 2006 sous le nom de «Girinka», visant à lutter contre la malnutrition grâce à un accès facile au lait.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Le Premier ministre indien Narendra Modi, dans le village témoin de Rweru, au sud de la capitale Kigali, le 24 juillet 2018. (Jean BIZIMANA / REUTERS)

Les bovins ont été transportés vers le village témoin de Rweru, à une quarantaine de kilomètres de la capitale, où des fermiers modestes en ont pris possession, à raison d'un par famille.

Le programme rwandais «Girinka», dont le Premier ministre indien Narendra Modi a estimé qu'il «aidait à transformer la vie des gens à travers le Rwanda rural», a été salué pour avoir contribué à réduire la pauvreté de près de 25%. 

Dans la langue locale, le kinyarwanda, «Girinka» est une formule de salutation qui signifie «Puissiez-vous avoir beaucoup de vaches!»

«La vache est un objet de prestige»
Au Rwanda, où l'agriculture est un maillon essentiel de l'économie, la place de la vache est prépondérante. La tradition dans les campagnes veut que l'on offre cet animal à une famille en signe de respect ou comme dot lors d'un mariage.

«Au Rwanda, la vache est un objet de prestige, un signe de respectabilité et la garantie d'une stabilité sociale», écrit l'archiviste paléographe Antoine Torrens en 2004, dans une longue étude passionnante après son immersion sur place. «De l'Umutara à Butare en passant par Ruhengeri, il est rare d'être riche sans posséder de vache», précise-t-il.

Un signe d'opulence qui n'est pas à la portée de tous. L'initiative gouvernementale d'aide aux plus modestes s'est inscrite depuis 2006 dans la volonté d'un accès plus large à cette coutume.
 
Chine et Inde se penchent avec intérêt sur le tout petit Rwanda
En chemin vers le sommet des dirigeants des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) à Johannesbourg du 25 au 27 juillet 2018, les deux géants asiatiques, Chine et Inde, ont successivement fait escale au Rwanda, comme pour accréditer l'idée que ce pays lilliputien et enclavé de 11 millions d'habitants est devenu incontournable en Afrique.

Son président Paul Kagame, également président en exercice de l'Union africaine, plaide en effet pour une zone de libre-échange continentale, un marché unique africain.

Des prêts importants
Une perspective alléchante à la fois pour Xi Jinping, le numéro un chinois, et pour le chef du gouvernement indien Narendra Modi qui tous deux ont tenu à chouchouter la tête de pont rwandaise.

D'un côté, Pékin accorde à Kigali un prêt de 126 millions de dollars (107,7 millions d'euros), notamment pour la construction de deux routes, de l'autre, New Delhi privilégie l'extension de la zone économique spéciale de Kigali et le développement des systèmes d'irrigation sur les terres agricoles en ouvrant des lignes de crédit de 200 millions de dollars (près de 172 millions d'euros).

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