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Piraterie maritime: les enlèvements en mer au plus haut dans le Golfe de Guinée
Le golfe de Guinée, qui court des côtes sénégalaises à l’Angola, est devenu l’épicentre de la piraterie maritime mondiale. Si les vols de cargaisons et de produits pétroliers diminuent, les pirates privilégient désormais les enlèvements de membres d’équipages avec demande de rançon. Le Bureau maritime international a enregistré en 2016 une augmentation de 30% des prises d'otages.
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Le golfe de Guinée a remplacé le golfe d’Aden pour la piraterie maritime. Selon le Bureau maritime international, le problème s’est largement déplacé des côtes somaliennes vers celles du Nigeria. Derniers chiffres connus, de janvier à mars 2016, 10 attaques et 44 prises d’otages ont eu lieu dans le golfe de Guinée. On est passé de 54 incidents en 2015 à 95 en 2016, affirme un autre rapport de la fondation One Earth Future.
La plupart du temps, les pirates armés s’emparent des cargaisons de fuel. Les pirates ont une préférence pour les produits pétroliers, faciles à revendre.
Les navires peuvent être détournés et contraints de se rendre dans des lieux éloignés où les cargaisons sont alors transbordées sur d’autres navires.
Le pétrolier MT Kerala, par exemple, a été retrouvé près du port de Tema au Ghana, une grande partie de sa cargaison de pétrole manquante, après avoir été attaqué en Angola huit jours plus tôt.
«Dans d’autres cas, ce sont des navires de ravitaillement pour les plateformes pétrolières offshore qui sont attaqués, parfois avec une vitesse et une précision telles que l’on peut soupçonner des complicités dans le vol et la vente illicite de pétrole», affirme un rapport du Centre d’étude stratégique de l’Afrique.
Les attaques de pirates dans le golfe de Guinée représentent près d’un quart des incidents maritimes signalés à travers le monde en 2016. Des chiffres souvent sous-estimés: les propriétaires de navires et les gouvernements minimisent leur importance afin d’éviter une augmentation des coûts des assurances et une fuite vers d’autres ports.
Nigeria: épicentre de la piraterie
Les incidents signalés au Bureau maritime international donnent une idée de la géographie des attaques. Les deux tiers de celles-ci ont eu lieu dans les eaux nigérianes, notamment dans les ports de Bonny et de Lagos (Nigeria). Mais aussi dans ceux de Cotonou (Bénin), de Lomé (Togo), de Tema (Ghana) et d’Abidjan (Côte d’Ivoire).
Du fait des capacités portuaires limitées, des centaines de navires attendent pendant plusieurs jours en rade, facilitant vols et enlèvements. Les contrôles policiers et militaires de ces ports restent faibles. Les pays de la région ont récemment créé un organisme de coopération pour la sécurité maritime. Le réseau de surveillance n’est pas encore bien équipé en navires gardes-côtes, mais l'accord permet déjà des échanges d’informations entre pays de la région.
Toujours les rebelles du Delta du Niger
Lorsque des pirates montent à l’abordage de navires, ils y volent du matériel et des cargaisons, mais de plus en plus souvent, ils enlèvent des membres d’équipage pour réclamer une rançon. Une technique moins risquée et moins coûteuse que les détournements de cargos.
Parmi les 144 personnes prises en otages en 2016, 40 n’avaient toujours pas été libérées fin mai 2017. Pour les prises d'otages au large du Nigeria, on soupçonne les anciens rebelles du Mend, Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger, qui s'aventurent de plus en plus au large des côtes.
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