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Nigeria : des ONG et syndicats appellent au boycott du phosphate marocain "volé" au Sahara occidental

Plusieurs organisations nigérianes enjoignent aux entreprises de leur pays de boycotter le phosphate marocain utilisé pour produire des engrais, les menaçant de sanctions en cas de non-respect. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un tapis roulant de phosphate non traité à l'usine Marca de la Société nationale marocaine de phosphates (OCP/public) le 13 mai 2013, près de Laayoune, la capitale de l'ouest du Sahara occidental sous contrôle marocain. (FADEL SENNA / AFP)

Les principaux syndicats du commerce (Trade Union Congress), du travail (Nigerian Labour Union), des milieux universitaires (Academic Staff Union of Universities) ainsi que 17 organisations de la société civile ont appelé les entreprises nigérianes au boycott du phosphate marocain, lors d'une conférence de presse qui s’est tenue à Abuja, le 18 septembre 2019. Ils estiment que cette ressource est illégalement prélevée au Sahara occidental. 

Pour le développement, "mais pas avec des ressources volées"

Ils menacent les entreprises nigérianes qui continueraient d'acheter du phosphate au Maroc de lancer des mouvements de grève et de les poursuivre en justice. "Nous soutenons le développement du Nigeria, mais pas avec des ressources volées (...) Notre pays a besoin d'engrais, mais pas de ceux fabriqués avec le sang de nos frères et sœurs du Sahara occidental", a déclaré un des responsables du mouvement syndical, Dipo Fasina.

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été le théâtre d'un conflit jusqu'en 1991 entre le Maroc, qui a annexé ce territoire en 1975, et le Front Polisario, qui réclame l'indépendance de cette étendue désertique de 266 000 km², dans une région riche en phosphates et bordée d'eaux poissonneuses.

Le Nigeria, comme les autres principales puissances du continent, a longtemps soutenu la République arabe sahraouie démocratique (RASD), dont il abrite une ambassade, malgré les protestations du royaume chérifien.

Le Nigeria opposé à l'intégration du Maroc à la Cédéao

Le Maroc, qui a réintégré l'Union africaine (UA) en 2017, cherche désormais à rejoindre la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), ce à quoi le Nigeria reste opposé. Abuja a toutefois adopté une position plus conciliante depuis une visite du roi Mohammed VI en décembre 2016, au cours de laquelle une dizaine de partenariats économiques avaient été signés.

Le groupe OCP, géant marocain des phosphates, avait notamment signé un protocole d'accord avec l'Association nigériane de producteurs et de distributeurs d'engrais (FEPSAN) visant à sécuriser, pour les trois prochaines années, l'approvisionnement d'engrais phosphatés "adaptés aux besoins du fermier nigérian".

Un accord pour la construction d'une plateforme de production d'engrais au Nigeria, alimentée par du phosphate marocain, avait également été conclu avec le groupe Dangote pour un investissement de 2,5 milliards de dollars avec une capacité annuelle initiale d'un million de tonnes à l'horizon 2018.

Le groupe OCP a réalisé en 2018 un chiffre d'affaires de 55,9 milliards de dirhams (5,23 milliards d'euros), en hausse de 15% par rapport à 2017 et un résultat net de 5,4 milliards de dirhams (505 millions d'euros), soit une progression de 19% par rapport à l'année précédente.

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