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Le bitcoin se fait une place en Afrique australe

Le Maroc et l’Algérie ne veulent pas en entendre parler. L’usage du bitcoin est interdit sur leur territoire. En revanche, d’autres pays africains voient en cette cryptomonnaie une chance pour le développement économique. Malgré la volatilité, l’absence de régulation et les risques de détournement des fonds. Il faut dire que ces monnaies virtuelles ne manquent pas d’atouts.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (George Frey/Getty Images/AFP)

 
Au Zimbabwe, face à la crise monétaire de 2017, le bitcoin est devenu une devise refuge. Contre la pénurie de dollars américains et l’hyperinflation, le placement en monnaie virtuelle est devenu la solution. Mais c’est aussi un placement gagnant, tant la valeur du bitcoin ne cesse de grimper en Afrique australe, plus vite qu’ailleurs dans le monde. En fait, certains pays de la région ne doutent pas des qualités de cette nouvelle monnaie. Ainsi, les entreprises proposant des services de transfert d’argent en bitcoin se multiplient. D’autres proposent des passerelles de paiement en bitcoin pour les sites marchands.
 
Economies sur les transferts d’argent
Le transfert d’argent de la diaspora vers les familles restées au pays est un cadre de développement important pour les monnaies virtuelles. Aujourd’hui, le montant de ces transferts s’élève à 60 milliards de dollars par an. Or ces opérations sont extrêmement coûteuses. Les frais sont de l’ordre de 10 % du montant transféré, en raison du risque encouru, expliquent les sociétés de transactions. Mais avec les cryptomonnaies, les risques disparaissent, les intermédiaires bancaires également et les frais chutent drastiquement. Ecofins cite le cas de la Hong Kong Bitspark qui facture des frais de 1% du montant transféré en travaillant en bitcoins.
 
Argent facile
Dans la société d’Afrique australe, l’enthousiasme pour cette nouvelle monnaie est palpable. En Ouganda, Al Jazeera a rencontré un conférencier peu ordinaire, qui fait la promotion du bitcoin. Richard M.Bagorogo est professeur. Il a, dit-il, gagné plus d’argent en un an grâce au bitcoin, qu’en dix ans d’enseignement.

L’argent facile, mais aussi l’argent tout court, servent de catalyseur. «Je vis du bitcoin car trouver un boulot dans ce pays n’est pas évident», explique un jeune dont le rêve est de devenir courtier en bitcoins. Quant à Bagorogo, il avoue que son train de vie a changé. Il possède plus d’argent qu’il n’en faut pour aider son père, et il a passé des vacances à Dubaï.

BitPesa, une société locale, revendique 6000 clients sur sa plateforme d’échange de bitcoins. Elle fonctionne pour l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie et le Nigeria. Grace au BitCoin, les choses sont devenues plus rapides et plus faciles, reconnait un médecin de l’hôpital de Kampala.

Le soutien du FMI
Selon Ecofins, ce mouvement est soutenu par le Fonds monétaire international et sa présidente, Christine Lagarde, qui voit en ces monnaies virtuelles un soutien à l’économie. «Pensez à des pays dotés d’institutions faibles et à des monnaies instables. Au lieu d’adopter la monnaie d’un autre pays, comme le dollar américain par exemple, certaines de ces économies pourraient connaître une utilisation croissante des devises virtuelles», explique la dirigeante du FMI.
 
Cette augmentation permanente du bitcoin est un bon argument pour séduire les plus sceptiques. La simplicité du mécanisme fait le reste. Pourtant certaines alertes font craindre le pire. Comme lors du coup de chaud de décembre 2017. Le cours a brusquement atteint les 19.000 dollars avant de redescendre à 9000 dollars. Cette apparente facilité, qui ressemble à la poule aux œufs d’or, pousse les gouvernements à mettre en garde la population. La banque centrale ougandaise a rappelé le risque que représente un placement en bitcoin. Un espace financier où il n’y a ni régulation ni protection des investisseurs.
 

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