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LA VIDEO. Au Zimbabwe, le spectre de l'hyperinflation est de retour

Les manifestations se multiplient à Harare pour protester contre la politique économique du Zimbabwe. Voilà un an que le pays est en proie à une inflation galopante. La création d’obligations liées au dollar n’a rien changé à l’affaire et le pouvoir du «vieux lion» de 93 ans, Robert Mugabe, est de plus en plus remis en cause.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Depuis la fin de l'année 2016, les banques du Zimbabwe manquent de cash. La nouvelle monnaie, alignée sur le dollar, a dévissé. (Tafadzwa Ufumeli / ANADOLU AGENCY)

Le Zimbabwe semble ne pas pouvoir sortir de l’hyperinflation. Depuis 2009, le pays n’a pas de monnaie nationale et dépend des devises étrangères. En 2016, des «billets d’obligation» indexés sur le dollar devaient faire face au manque de liquidités et relancer l’économie du pays.
 
Mais il n’y a pas eu de miracle. La confiance n’est jamais revenue, ni dans la population, ni chez les acteurs économiques. Le cours de ces obligations a dévissé à son tour. Au marché noir, le «bond note» a perdu entre 30 et 50% de sa valeur. L’hyperinflation pointe de nouveau son nez.  Alors, la population fait des stocks, achetant ce jour ce qui vaudra le double demain, voire pire...

Et les exemples ne manquent pas pour justifier ces précautions. Ainsi, l’AFP rapporte que dans certains magasins, le prix de l’huile de cuisine est passé de 3 à 5 dollars en quelques jours. Et pour un paiement par carte bancaire, il en coûte 2 dollars de plus, le commerçant anticipant l’inflation, sans doute.
 

Ces achats massifs de biens de consommation ont entraîné une rupture des stocks sur certains produits. L’huile ou l’’essence sont rationnées. Limités également les retraits d’argent: pas plus de 50 dollars par semaine.

En ce qui concerne l’huile de cuisine, la rupture d’approvisionnement est due à la baisse des importations. Selon les producteurs du pays, il faudrait importer chaque semaine 5 millions de dollars de graines de soja pour répondre à la demande. Or, les pouvoirs publics n’ont pu débloquer que 2,2 millions de dollars. Une pénurie renforcée par l’interdiction d’importer directement de l’huile de cuisine.
 
La perspective de l’élection présidentielle en 2018 fait craindre le pire. Selon l’économiste Prosper Chitambara, cela risque fort de peser sur le climat financier. A 93 ans, le président Robert Mugabe a annoncé qu’il se représentera. Pour l’heure, s’il reconnaît la gravité de la situation, il ne s’attribue aucune responsabilité. Il parle de «fauteurs de troubles de l'intérieur» qui souhaitent provoquer sa chute. «Certains sont pressés de manipuler le cours des devises de façon à provoquer l'inflation et une ruée sur les achats», a-t-il accusé.

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