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La dette publique en Afrique du Sud: une évolution inquiétante
Entre 2008 et 2017, le ratio de la dette publique sud-africaine par rapport au PIB a presque doublé. En 2018, cette dette s’élève à 204,7 milliards de dollars (54,6% du PIB). Ce qui met le principal pays du continent, qui se trouve déjà en récession, dans une situation encore plus dangereuse.
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Générant environ un tiers du Produit Intérieur Brut (PIB) de l’Afrique sub-saharienne, l’Afrique du Sud est le pays le plus endetté en volume du continent. Bien plus que son volume, c’est le ratio de la dette publique du pays et son évolution qui montre toute l’étendue du problème.
Cette dette ne cesse d’augmenter. Selon Trending Economics, son ratio est passé de 27,8% en 2008 à 53,1% en 2017. La plus grande partie est libellée en rands, la monnaie locale. Celle libellée en devises étrangères représente moins de 5% du PIB.
«Toute situation de surendettement de l’Afrique du Sud pourrait bien créer un effet boule de neige et transformer une crise de dette publique spécifique à un pays en un problème de dette à l'échelle continentale. Pour cette raison, la durabilité de la dette sud-africaine est plus que préoccupante», indique à Géopolis Indermit Singh Gill, professeur en politique publique à l’Université de Duke et ancien directeur du développement économique au bureau des économistes en chef de la Banque mondiale à Washington.
Les faibles performances des entreprises d’Etat
La situation parfois difficile des entreprises d’Etat sud-africaines pourrait aggraver le problème. «Certaines ont enregistré de très faibles performances. Le gouvernement central donne sa garantie à ses entreprises, donc aussi à leur dette. Si ces entreprises font défaut, leurs dettes seront ajoutées dans le bilan de l’Etat. Dans ce cas, le niveau de la dette publique passerait à environ 75% du PIB», précise à Géopolis Harri Kemp, un économiste sud-africain.
Le chercheur Kenan Karakulah exprime également son inquiétude: «Compte tenu de la récente fluctuation défavorable de la dette publique, l’Afrique du Sud devrait tirer la sonnette d’alarme. Si l’on additionne cette dette à celle des autres grandes économies africaines (Nigeria, Angola, Kenya…), cela pourrait poser problème à toute l’Afrique subsaharienne.»
Un pays qui marche au ralenti
Cette instabilité est d’autant plus inquiétante que Pretoria se trouve en récession depuis 2015. Au premier et deuxième trimestres 2018, la croissance a baissé respectivement de 2,6% et 0,7%, montrant une tendance de récession du PIB du pays. Mais au-delà d’un marché domestique stagnant, il faut prendre en compte des problèmes structurels qui plombent la croissance et entravent sa gouvernance à long terme: les inégalités de la shociété post-apartheid et la pauvreté.
En 2017, des agences de notation telles que Moody’s, Fitch Ratings, Standard & Poor’s ont baissé la note de l’Afrique du Sud, après avoir examiné la situation économique et politique, la croissance et le bilan fiscal. «Ce déclassement a contribué à la fragilité de l’économie du pays», analyse Indermit Singh Gill. «Aujourd’hui, je pense que la chose la plus importante, c’est de rétablir la confiance chez les consommateurs et les investisseurs», conclut-il.
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