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Ghana : le président Akufo-Addo nourrit de grandes ambitions pour le rail

La réhabilitation des chemins de fer ghanéens, construits sous l'ère coloniale britannique, est une priorité du président ghanéen. Lequel voit dans le rail un "catalyseur pour la transformation sociale et économique" de ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un cheminot de la ligne de train reliant Accra, la capitale du Ghana, au port de Tema. Un train rouge-vert-jaune, les couleurs du pays. (RUTH MCDOWALL / AFP)

En décembre 2018, Nana Akufo-Addo avait assuré que la négligence des autorités vis-à-vis du secteur ferroviaire était "l'une des plus grandes tragédies" qu'ait connues le Ghana depuis l'indépendance en 1957. Seuls 13% des voies ferrées existantes y sont utilisés aujourd'hui. Les autorités ont donc lancé un grand plan ferroviaire.

Un projet à 19 milliards d'euros

L'objectif est désormais de relier Accra à Sekondi-Takoradi dans le sud, Kumasi dans le centre, et plus au nord, Tamale, à travers un réseau parcourant quelque 4000 km. Le projet, dont le coût total est estimé à 21,5 milliards de dollars (19 milliards d'euros), inclut également, d'ici à 2021, une ligne entre le port de Tema et le Burkina Faso voisin.

La ligne reliant Accra, la capitale du pays, au grand port de Tema a rouvert en janvier 2019. Elle n'a pas fonctionné pendant près de deux ans en raison d'un déraillement.

Serpentant à travers la capitale de plus deux millions d'habitants, les voitures de ce train, peintes en rouge, vert et jaune vifs (aux couleurs du drapeau ghanéen), relient à nouveau les bidonvilles insalubres aux riches quartiers résidentiels. En passant par un polo-club et une mosquée, des jardins maraîchers ou encore le front de mer.

Le train peut transporter jusqu'à 600 voyageurs pour cinq cedis (0,80 euros) chacun. "Les gens l'adopteront parce que c'est moins cher" que les autres transports en commun, assure Grace Amihere, une hôtesse de 38 ans, citée par l'AFP. La voyageuse prenait déjà le train lorsqu'elle était petite.


Membres du personnel de la compagnie ferroviaire ghanéenne dans le train reliant Accra à Tema. (RUTH MCDOWALL / AFP)

L'attitude "intermittente" du gouvernement

Selon le patron de l'Autorité de développement des chemins de fer ghanéens, Richard Diedong Dombo, l'infrastructure ferroviaire a souffert de décennies de négligence. "C'était un secteur mort", affirme-t-il. "Les allocations budgétaires n'ont certainement pas été distribuées pour maintenir en état ce qui nous a été légué par l'administration coloniale, ou construire de nouvelles lignes", ajoute le responsable.

Kofi Asare, 52 ans, qui travaille comme conducteur de train depuis plus de 20 ans, se dit "content" de voir le rail réhabilité. Mais le cheminot est habitué à l'attitude "intermittente" du gouvernement vis-à-vis des chemins de fer et il se demande si son intérêt pour le secteur va durer. "C'est une question de viabilité : vont-ils continuer à assurer la maintenance des chemins de fer ?", observe-t-il.

Le secteur était performant jusqu'au début des années 2000, se souvient Kofi Asare. "Après cela, il n'y a plus eu de véritable maintien", dit-il"Les chemins de fer sont à court d'argent et sont très coûteux financièrement. Si le gouvernement ne nous vient pas en aide, nous nous retrouverons dans la même situation d'ici cinq ou dix ans", insiste-t-il.

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