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Cacao: le Nigeria souhaite redynamiser sa production

Le Nigeria veut se libérer du pétrole. Et la relance de la production cacaoyère, deuxième source de devises pour le pays après l'or noir, devrait l'y aider. Du moins, les autorités nigérianes y comptent bien et multiplient les initiatives dans ce sens.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Un cacaoyer, photographié le 30 août 2016, dans le village de Shofolu (Etat d'Ogun, Sud-Ouest) au Nigeria  (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)

C’est le nouveau défi nigérian. «Nous allons ravir à la Côte d’Ivoire sa place et devenir le plus grand producteur au monde. Nous pouvons générer de solides recettes en devises avec le cacao (...). Le pétrole a fait du tort à notre économie. Nous devons revenir à l’agriculture pour la redresser», affirmait dès janvier 2017 le ministre nigérian de l’agriculture et du développement rural, Audu Ogbeh à l'occasion de l'installation d'un comité de relance de l'industrie cacaoyère. 

Le coup d'envoi d'une campagne ayant le même objectif a été donné en mars 2017. De même, le gouvernement a annoncé le 2 août 2017 la tenue d'une rencontre à la fin du mois organisée, entre autres par la Cocoa Association of Nigeria (CAN) qui réunit tous les acteurs du secteur sur le plan national et l’Organisation internationale du cacao (ICCO). La rencontre est censée permettre à l'Etat nigérian d'exposer sa stratégie et de convaincre les investisseurs de soutenir les nouvelles ambitions du Nigeria.

Produire plus à partir de 2021...
«Nous espérons que le sommet sera la démonstration de notre volonté d'être un leader dans le secteur du cacao. L'objectif est de traiter au moins 50% de la production annuelle et d’en consommer au moins 20% d’ici 2021», a indiqué Aisha Abubakar, secrétaire d’Etat en charge du Commerce, de l’Industrie et du Développement, rapporte The Daily Trust.

Le Nigeria s'est fixé pour objectif de produire 500 000 tonnes métriques par an, à compter de 2021, soit un peu plus du double de sa production actuelle (environ 200 000 tonnes métriques pour la saison 2015-2016, selon les estimations de l'ICCO). Le Nigeria a été relégué en 2016 à la septième place des pays producteurs alors qu'il a été classé dans le top 5 pendant des décennies. Au milieu des années 60, il était le deuxième plus gros producteur de cacao dans le monde. 

La manne pétrolière, apparue dans les années 70, a éclipsé l’agriculture. Le désintérêt et l'absence de soutien de l’Etat, les aléas climatiques et les faibles prix du marché ont fini de décourager les planteurs. D'autant que la culture du cacao est ardue et constitue un investissement à long terme. Il faut au moins trois à quatre ans pour que le plant donne des fruits mais il peut survivre 50 ans, voire plus.  

Au Nigeria, le cacao se cultive dans la plupart des 36 Etats du pays (27 Etats peuvent en produire selon le ministre de l'Agriculture). Mais la production est concentrée dans le Sud-Ouest du pays, à savoir dans les Etats d'Ondo, d'Osun (les principaux fournisseurs), d'Ogun, d'Oyo et d'Ekiti. 

...et transformer davantage
Aujourd'hui, le Nigeria veut changer la donne afin de diversifier son économie. Après le pétrole, le cacao est la matière première qui génère le plus de devises. Selon Sayina Riman, le patron de la CAN et le vice-président de l'ICCO, le secteur emploie «deux millions de familles nigérianes», indique The Daily Trust. Si le marché local de la consommation a du potentiel, la productivité dans le secteur est, elle, «malheureusement faible»

Pour le Nigeria, il s'agit de raviver aussi bien la production que l'industrie dans un pays où la plupart des usines de transformation des fèves ont fermé leurs portes, faute de moyens. L'activité repose sur une matière première au coût élévé et exige de gros investissements, d'où la nécessité d'une aide publique conséquente. Et une infrastructure éléctrique fiable, ce qui n'est pas le cas au Nigeria.

En dépit de ces aléas, la Cocoa Processing Industry (CPI), l'usine de transformation de cacao située à Ede (Etat d’Osun), a rouvert ses portes après quinze ans d'inactivité. Détenue à 30% par l'Etat d'Osun, elle traite 20.000 tonnes de cacao par jour pour produire, entre autres, de la liqueur depuis juillet 2017. 

«2017 sera un tournant pour l'industrie du cacao au Nigeria si le gouvernement met en place rapidement des aides à l'exportation et appuient les politiques de création de valeur ajoutée», confiait à Business Day Akin Laoye, le patron de FTN Cocoa Processors Plc, leader du marché de la transformation du cacao au Nigeria. Les acteurs du secteur attendent désormais des actes concrets du gouvernement fédéral. 



 

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