Deux journalistes français sous les verrous au Niger
Décidément, les autorités du Niger ne plaisantent pas avec ceux qui s'intéressent de trop près à la rébellion touareg. Le nord du pays est totalement fermé. C'est là, sur les plateaux de l'Aïr, que se trouvent les bases arrières du MNJ, le Mouvement des Nigériens pour la justice. Fin novembre, le président Mamadou Tandja a même prorogé de trois mois l'état d'alerte dans la région.
La zone est donc complètement bouclée. Thomas Dandois et son cameraman Pierre Creisson l'ont appris à leurs dépens. Tous deux ont été arrêtés lundi dernier, en compagnie de leur chauffeur. Et inculpés vendredi "d'atteinte à la sûreté de l'Etat", un crime passible, en théorie, de la peine de mort dans le pays.
_ Leur crime ? Avoir tourné des images sur la rébellion pour un documentaire qui devrait être diffusé sur Arte, alors qu'officiellement ils étaient censés effectuer un reportage sur la grippe aviaire... Selon le porte-parole du gouvernement, ils ont réalisé “un film et des photos pour servir de propagande à ces bandits armés en Europe. Ils ignoraient qu'ils étaient surveillés dès le départ.”
Reporters sans frontières dénonce le chef d'inculpation extrêmement lourd retenu contre les deux journalistes. Et demande leur libération.
_ Une conférence de presse est organisée demain, à 11h.
L'organisation rappelle également que d'autres journalistes sont également emprisonnés au Niger, pour les mêmes raisons, ou presque.
_ Moussa Kaka, le correspondant de Radio France Internationale, est en prison depuis le 20 septembre, accusé d'avoir aidé la rébellion. Un autre journaliste local, Ibrahim Diallo Manzo, est, lui, en détention depuis le 9 octobre. Il est le directeur du magazine Aïr Info, à Agadez.
Guillaume Gaven
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