Des agents du renseignement auprès des insurgés en Libye
Les Etats-Unis ont des “hommes” en Libye.
C’est le New York Times qui l’affirme.
Selon le journal, de “petits groupes” d'agents de la CIA sont déployés, sur le terrain en Libye pour prendre contact avec la rébellion et guider les frappes de la coalition.
De son côté, la chaîne ABC a assuré que le président Barack Obama avait même donné l'autorisation d'aider secrètement les rebelles.
Dès fin février, les médias anglais faisaient état de l'intervention des hommes des SAS, les forces spéciales de l'armée britannique, pour exfiltrer des centaines d'employés de grandes compagnies pétrolières isolés dans le désert.
Réagissant à ces révélations, le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a dit refuser “de s'exprimer sur des questions de renseignement”.
Même son de cloche en France, à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services de renseignement français.
Ce matin, le ministre de la Défense a confirmé qu'il n'y a pas de troupes françaises déployées au sol en Libye dans le cadre des
opérations de la coalition internationale. “Il y a une limite technique dans la resolution 1973, pas d'occupation au sol”, a dit Gérard Longuet.
Une assistance aux rebelles n'est pas à l'ordre du jour, a-t-il ajouté.
Officiellement donc, la coalition n'a pas d'homme sur le terrain en Libye.
Une constante de l’histoire militaire
Si de son côté la coalition dément toute implication d’agents occidentaux auprès des insurgés, pour les spécialistes du renseignement en revanche, la présence d'éléments au sol dans ce type de conflit est “une constante de l'histoire militaire”.
“Il est plus judicieux de faire intervenir de petites équipes, très
discrètes, qui apportent leur savoir-faire opérationnel, en matière d'instruction, d'encadrement, d'orientation purement tactique”, explique Pascal Le Pautremat, spécialiste du monde arabe et collaborateur de la revue “Défense” de l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN)..
Des équipes de “cinq à douze personnes”, équipées de moyens de transmission high-tech, dont le rôle serait de “cibler des objectifs” pour permettre aux avions de la coalition d'ajuster leurs frappes. Des agents infiltrés qui opèreraient de nuit pour déterminer le potentiel en hommes, en blindés, des forces du colonel Kadhafi, pour encadrer et conseiller les insurgés ou leur apprendre à manier des armes anti-chars.
Une présence au sol d'autant plus nécessaire que la coalition veut éviter à tout prix de provoquer des pertes civiles, ce qui suppose un maximum de précision dans les frappes aériennes.
“Plus il y a d'hommes sur le terrain, moins il y a de risque de se tromper, puisque l'on a des informations de source humaine”, note Pascal Le Pautremat.
Pour l’instant, aucun incident grave impliquant des civils n'a été officiellement rapporté par la coalition depuis le début des frappes, ce qui n’était pas le cas en Irak ou en Afghanistan.
_ Les “bavures” lors de frappes de l'Otan en Irak ou en Afghanistan ont souvent été liées au manque d'informateurs au sol, d'informations à courte distance de l'objectif.
“De toutes façons”, souligne Pascal Le Pautremat, “il y a des éléments pré-positionnés depuis des années dans la région, l'Afrique de l'ouest et l'Afrique centrale, la zone du Maghreb élargie, où a notamment lieu la lutte contre Aqmi” (Al-Qaïda au Maghreb islamique)".
Mikaël Roparz, avec agences
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