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La «Mona Lisa africaine», icone du Nigeria, aux enchères à Londres
Le portrait de la princesse Ife Adetutu Ademiluyi, surnommée «Tutu», peint en 1974 par l'artiste nigérian Ben Enwonwu, sera mis en vente le 28 février 2018 par la maison d'enchères Bonhams, une vente retransmise en direct à Lagos pour permettre aux acheteurs potentiels de se manifester.
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Le tableau, surnommé «Mona Lisa fricaine», a été retrouvé dans un appartement londonien. Une œuvre majeure au Nigeria. «Je la considère comme la Mona Lisa africaine», dit le romancier nigérian Ben Okri, lauréat du Booker Prize, à propos de ce portrait perdu de vue après avoir été exposé pour la dernière fois en 1975. «Depuis 40 ans, c'est une peinture légendaire, tout le monde en parle, se demande où est Tutu?», explique l'écrivain, interrogé par l'AFP chez Bonhams.
L'artiste «n'a pas simplement représenté la jeune fille, il a représenté toute la tradition. C'est un symbole d'espoir et de régénération au Nigeria, le symbole du phénix renaissant de ses cendres», ajoute Ben Okri qui confie avoir «passé des heures à le regarder et à rattraper le temps perdu».
Le tableau le plus célèbre du Nigeria et probablement d'Afrique n'existait qu'en poster. Et ce, jusqu'à la fin de l'année dernière, lorsqu'une famille africaine installée à Londres s'est rapprochée d'un spécialiste d'art africain pour lui demander une expertise. «Je suis entré dans cet appartement londonien et je l'ai vu accroché au mur, c'était à peu près la dernière chose que je m'attendais à voir. Dès que je l'ai vu, j'ai su qu'il était authentique mais je ne pouvais pas le dire aux propriétaires parce que vous ne pouvez pas sortir ça comme ça», raconte Giles Peppiatt, directeur de l'art moderne africain chez Bonhams.
Le portrait, exposé pour la dernière fois à l'ambassade d'Italie à Lagos en 1975, avait été acheté par le père de famille lors d'un voyage d'affaires. Ben Enwonwu a peint trois versions de Tutu, mais les trois tableaux avaient disparu. Ces tableaux sont devenus des symboles de paix après la guerre civile au Nigeria à la fin des années 60.
Il est estimé entre 200.000 et 300.000 livres (226.000 à 339.000 euros). Pour le romancier Ben Okri, sa valeur est plus que financière. Peut-être, aussi, une opportunité pour braquer les projecteurs sur les peintres africains.
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