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Abidjan farote avec Fâro, la mascotte des jeux de la Francophonie 2017

Les jeux de la Francophonie, qui se déroulent en Côte d'Ivoire, ont pour mascotte un éléphant tricolore baptisé Fâro. Ce mot, aux origines malinké, s'est installé dans l'argot ivoirien du fait notamment d'un mouvement culturel, la «sagacité». Et depuis quelques mois, le verbe «faroter» a fait son entrée officielle dans cette langue française promue par la Francophonie.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Farô, la mascotte des jeux de la Francophonie © qui se tiennent en Côte d'Ivoire du 21 au 30 juillet 2017

Fâro, la mascotte des 8e jeux de la Francophonie, qui se tiennent en Côte d'Ivoire du 21 au 30 juillet 2017, incarne «la joie de vivre». Le terme d'origine malinké (ou dioula) fait depuis partie de l'argot ivoirien que l'on appelle nouchi. On le traduit par «se faire voir» ou «faire le malin». 

Du malinké au français en passant par le nouchi
Cette définition a été reprise par l'édition 2018 de l'un des plus célèbres dictionnaires de la langue française, Le Petit Larousse illustré. «Faroter» signifie donc en «français correct»: «frimer», «se mettre en avant».  


Lors de la présentation en janvier 2016, Farô, cet éléphant «stylisé» aux couleurs du drapeau ivoirien (orange-blanc-vert) dansait sur des airs de coupé-décalé, une danse qui a conquis la Côte d'Ivoire en 2003 et qui a popularisé le mot «faro» (ou «farot») et ses dérivés. L'un des courants du coupé-décalé est d'ailleurs baptisé «faro-faro». 



Clin d'œil à un trésor musical ivoirien 
Farô, la mascotte des jeux de la Francophonie, surfe ainsi sur un mouvement musical culturel connu sous le nom de «sagacité», du nom son instigateur Stéphane Doukouré alias Douk Saga, disparu en 2006.

Douk Saga, président autoproclamé de la «jet-set» et sa bande de «jet-setteurs» au style clinquant distinguent alors les «faroteurs» et les «boucantiers». Les premiers sont des frimeurs occasionnels et les seconds des professionnels de la frime. Un «faroteur» fait donc son «farot» ou sait «faroter».

«Moi, je ne suis pas un "faroteur", je suis un "boucantier", confiait Douk Saga au site d'informations burkinabè Le Faso.net en 2005. Le "faro", c’est celui qui fait le petit malin. Le "boucantier", c’est celui qui fait du bruit. Un homme qui se fait voir. Quand il est là, on sait qu’il est là. Je suis un "bruitiste". Je fais du "boucan" et je mange la vie. Parce que, si tu ne manges pas la vie, la vie va te manger (rires).» 



Avec leurs médailles, outre esquisser quelques pas de coupé-décalé pour célébrer leur victoire, les futurs champions des jeux de la Francophonie auront, eux, de très bonnes raisons de «faroter». 

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