#UneVraieFemmeAfricaine : un mot-dièse (hashtag) décalé pour briser les clichés
Lancé par une journaliste féministe ivoirienne pour dénoncer les stéréotypes, le hashtag enflamme la Toile africaine.
Tout a démarré le 27 février, quand la journaliste et féministe ivoirienne Bintou Mariam Traoré poste un message sur Twitter dénonçant la condition des femmes. "Tout est parti d’un post sur l’accouchement à travers une allusion au fait qu’une 'vraie femme africaine' est supposée accoucher par voie basse et non par césarienne, ni sous péridurale. Le post disait : 'Femme noire, tu enfanteras dans la douleur pour prouver que tu es une VRAIE AFRICAINE." Il m’a été inspiré à la suite d’une émission télévisée que j’avais regardée", explique Bintou Mariam Traoré à Benbere.
"#UneVraieFemmeAfricaine ne divorce pas ! Elle doit rester dans mariage pourri là à cause de ses enfants. Car une mère morte et malheureuse vaut mieux qu’une mère célibataire et heureuse. Hayy ! Heureusement je suis une Fausse femme africaine", "#unevraiefemmeafricaine ne dit pas qu'elle a été violée, mais qu'elle a excité un pauvre homme qui a cédé à son charme", "Elle doit dire merci quand son mari la frappe, c'est sa façon de l'aimer. Après tout, qui aime bien châtie bien. C'est vraiment pas compliqué d'être #unevraiefemmeafricaine", les messages rivalisent de sarcasme, d'ironie pour dénoncer les clichés.
#unevraiefemmeafricaine ne dit pas qu'elle a été violée, mais qu'elle a excité un pauvre homme qui a cédé à son charme.
— ♥ Joycie Pich Pich Nutella ♥️ (@Hbira237) March 5, 2020
— Carmen (@Carmen_Euridice) March 6, 2020
Vous ne pouvez plus vous taire!Ce n'est pas une affaire de culture mais plutôt de bien-être. Pensez à vous et à vos enfants,Levez-vous et réagissez!Aucun enfant ne devrait assisté à ça!Et aucune femme ne devrait subir ce genre de comportement animal.#unevraiefemmeafricaine pic.twitter.com/hMlUs5wVAU
— The.Chocolate.Girl (@PrincipessaOlly) March 4, 2020
#unevraiefemmeafricaine doit avoir des enfants sans congé de maternité.
— GDA (@unaanancy) March 9, 2020
Moi : j’ai envie de raconter ma vie ... mais #unevraiefemmeafricaine ne raconte pas sa vie sur les réseaux sociaux.
— Amie Ouattara Kouamé (@amiekouame) March 2, 2020
Lui : non #unevraiefemmeafricaine garde son fardeau comme si c’était bois qu’elle était allée prendre dans la forêt
pic.twitter.com/iptsw4Nm9S
Ecrits avec un humour mordant, les posts ont libéré la parole sur les réseaux sociaux. Surfant sur cette vague, l'ONG Oxfam a délivré ses messages de sensibilisation.
#UneVraieFemmeAfricaine c’est Mariam qui a fui la violence des groupes armés au #BurkinaFaso pour trouver refuge dans un site de personnes déplacées, et qui doit miraculeusement cuisiner, prendre soin de la famille sans :
— Oxfam in West Africa (@oxfamwestafrica) March 5, 2020
nourriture
ustensiles
bois de chauffe
eau. #8Mars pic.twitter.com/vgZXwgyRpR
#UneVraieFemmeAfricaine c’est Fatoumata, une femme déplacée qui fait la queue 5 heures sous le soleil du #BurkinaFaso afin de collecter une faible quantité d’eau qui ne lui permet pas de répondre aux besoins de sa famille pour la journée et qui recommencera le lendemain. #8mars pic.twitter.com/PVKNXU2pEy
— OXFAM au Burkina (@oxfamauburkina) March 7, 2020
Tous les internautes n'ont pas apprécié le côté décalé des messages. La journaliste ivoirienne Bintou Mariam Traoré dit subir un cyberharcèlement.
Je suis victime de harcèlement sexiste et misogyne sur Facebook à cause de mon hashtag #vraifemmeafricaine une bande de mascus panafricanisme kamites s'amuse à me harceler virtuellement
— Bintou Mariam Traoré (@BintouMariamT) March 9, 2020
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