Côte d'Ivoire : les forces de Ouattara en échec devant le bunker de Gbagbo

L'optimisme régnait au début de la journée parmi les forces d'Alassane Ouattara : “on va sortir Laurent Gbagbo de son trou et le remettre à la
disposition du président de la République”, a proclamé Sidiki
Konaté, porte-parole de Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara.

Mais vers la mi-journée, l'attaque a cessé et les armes lourdes se sont tues. Des témoins affirment que les combattants pro-Ouattara sont arrivés à une centaine de mètres des portes du bunker, mais qu'ils n'ont pas réussi à avancer et qu'ils ont évacué les lieux.

Les soutiens de Laurent Gbagbo accusent la force française Licorne d'avoir soutenu les combats, ce que nie le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a même insisté sur le fait que la France n'aiderait pas militairement Alassane Ouattara, même s'il le demandait.

Dans son bunker, Laurent Gbagbo refuse plus que jamais de démissionner et de reconnaître la victoire électorale de son rival. Entouré de ses enfants, de sa femme Simone et du dernier carré de fidèles, il passerait une bonne partie de son temps à prier... et à négocier. Ces discussions auraient lieu non pas avec Alassane Ouattara, mais avec l'ONU. La France affirme toutefois ne pas avoir connaissance de ces négociations.

Outre le bunker présidentiel, les dernières forces de Laurent Gbagbo tiennent aussi le camp militaire d'Agban, le plus grand du pays. Les habitants, traumatisés par les combats qui ont fait des dizaines de morts, sont cachés chez eux et des bandes de pillards circulent dans les rues.

L'anarchie peut d'ailleurs prendre brusquement le contrôle de certaines parties d'Abidjan. La résidence de l'ambassadeur du Japon a ainsi été attaquée par des “mercenaires”, qui ont tiré à l'arme lourde depuis le bâtiment. Les soldats français de la force Licorne sont intervenus pour évacuer l'ambassadeur japonnais. Plusieurs autres diplomates ont sollicité l'aide des Etats-Unis pour être évacués du quartier de Cocody, notamment les Indiens et les Israéliens. Les Américains affirment transmettre les demandes à l'ONUCI et à la force Licorne.

La situation humanitaire est également très préoccupante à Abidjan. Les victimes des combats se comptent par dizaines et les hôpitaux ne fonctionnent plus. L'ONU appelle les combattants à faciliter l'accès aux secours.

Grégoire Lecalot