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Côte d'Ivoire: le camp Ouattara a du mal à mobiliser

Les partisans d'Alassane Ouattara ont peiné à mobiliser aujourd’hui pour une grève générale destinée à pousser vers la sortie Laurent Gbagbo, même s'ils ont tout de même réussi à s'emparer de l'ambassade ivoirienne à Paris. Ils ont quitté les lieux dans la soirée. _ Plongé dans une grave crise depuis la présidentielle du 28 novembre, le pays était suspendu à la visite prévue demain de trois chefs d'Etat ouest-africains. _ L’appel à la "désobéissance" civile a tardé à avoir de l'écho.
Article rédigé par franceinfo
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Du quartier chic de Cocody (nord) au quartier populaire de Treichville (sud), Abidjan a longtemps offert le même spectacle: embouteillages et concert de klaxons, taxis en vadrouille, commerces ouverts.
_ Mais en fin de journée, dans le quartier d'Adjamé comme dans celui d'Abobo (nord), fief de Ouattara, les mini-cars de transport collectif, surnommés “gbakas” et très utilisés par les Abidjanais, étaient peu visibles sur les principaux axes. Le long des rues, des centaines d'habitants étaient contraints de regagner leur domicile à pied après le travail.

Les partisans de Ouattara ont cependant eu un motif de satisfaction à l'étranger.
Une trentaine d'entre eux ont “ pris le contrôle ” une grande partie de la journée de l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris.
Ils ont quitté les lieux en début de soirée.
“Nous avons juste décroché le portrait de Gbagbo”.
Les partisans ont quitté les lieux à la demande du président reconnu par la communauté internationale, a dit Marcel Youpeh, président pour la France du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP, opposition ivoirienne) qui rassemble les pro-Ouattara.
“Le président Ouattara m'a appelé pour demander aux jeunes (qui occupaient l'ambassade) de rentrer chez eux”.
_ Le service consulaire devrait être rouvert demain.

Gbagbo se prépare à une échéance plus importante demain, avec la venue à Abidjan des présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert).
Ils doivent l'appeler à céder la place, au nom de la Commmunauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a menacé de recourir à la “force légitime” s'il ne se pliait pas à cette injonction.
_ L'Union africaine a demandé au Premier ministre kényan, Raila Odinga, de coordonner les efforts de l'organisation panafricaine sur ce dossier. Il avait récemment suggéré de déloger Gbagbo par la force.

Dans des entretiens publiés aujourd’hui dans des quotidiens français, Laurent Gbagbo a dit “ prendre au sérieux” la menace de la Cédéao.
Il dénonce surtout un “complot ” mené par les Etats-Unis et la France, qui a réfuté des accusations sans “fondement”.
Gbagbo a lancé une sévère mise en garde, alors que la Côte d'Ivoire a déjà été éprouvée par une quasi-guerre civile en 2002-2003.
Son gouvernement avait déjà clairement averti contre une opération de la Cédéao, en insistant sur la présence sur le sol ivoirien de millions d'immigrés ouest-africains, qui pourraient être pris à partie.
_ De son côté, la mission de l'ONU dans le pays, l'Onuci (9.000 hommes), dont Gbagbo demande le départ, a reçu une visite de “soutien” du responsable des opérations de maintien de la paix des Nations unies, Alain le Roy.

Les craintes de nouvelles violences, 173 morts récemment selon l'ONU, 53 morts depuis fin novembre pour le gouvernement Gbagbo, poussent de plus en plus d'Ivoiriens à quitter leur pays.
Quelque 14.000 ont fui vers le Liberia depuis un mois, selon l'ONU. La majorité d'entre eux ont moins de 18 ans, a précisé le gouvernement libérien.

Mikaël Roparz, avec agences

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