Côte d'Ivoire : l'information continue... sur Twitter
La Côte d'Ivoire, coupée du monde ? C'est bien ce que Laurent Gbagbo, président sur la défensive, a tenté d'obtenir, en tout cas hier, en fermant les frontières et en coupant le sifflet de Canal+ Horizon, France 24, TV5 Monde et de la radio RFI.
C'était sans compter avec le sursaut des internautes. À la manière des blogueurs et twitterers iraniens ou chinois, les Ivoiriens se sont connectés sur le net.
Difficile de mesurer l'ampleur du phénomène, même si en suivant les tags , ou (comme sentinelle en langue Bété) sur Twitter, la conversation, les débats sont particulièrement nourris. Une blogueuse Nnenna tient les comptes (dans tous les sens du terme) depuis hier : elle recense d'heure en heure les comptes qui participent au débat sur Twitter. Et dit-elle, "ils augmentent comme le feu".
En outre, , très actif aussi sur Twitter estime que si tout le monde n'a pas internet à Abidjan, "le pote to pote" fonctionne à plein : "ton pote a internet, explique-t-il, et il te refile les infos".
Précisément, le site de microblogging permet d'abord de contourner l'interdit. Dès hier, les messages affluaient pour tweeter et re-tweeter les liens internet des chaînes, privées de diffusion hertzienne.
Et mieux encore que le hertzien, Twitter permet de s'exprimer, de commenter, de témoigner, voire d'invectiver les candidats à la présidentielle. Ainsi, un internaute s'adressant à Laurent Gbagbo : "Laurent ! On peut mettre sa main sur son visage pour ne pas voir le soleil, mais on ne peut pas cacher le soleil avec sa main".
Ces candidats, d'ailleurs, sont eux-aussi présents. a son compte Twitter. C'est même là qu'il a annoncé mercredi qu'il prorogeait le couvre-feu. Et les partisans de son adversaire Alassane Ouattara ne sont pas en reste, avec leur compte ADO_Solutions.
Mais le ton plutôt ironique et à l'apaisement ce matin s'est largement durci, après l'annonce par le Conseil constitutionnel de l'invalidation de l'élection de Ouattara et de la victoire de Gbagbo. Certains appellent à ne pas se laisser faire. On lit : "J'ai mal pour l'Afrique", "Après les deux Corée, voici les deux Côte d'Ivoire", ou un effrayant message à l'adresse de Gbagbo "Souviens-toi de Ceauscescu" ! Le camp Gbagbo qui lui reste discret sur Twitter mais bondit quand l'émissaire de l'Onu annonce qu'il ne reconnaît pas la victoire du sortant : "c'est ONU qui plante manioc en Côte d'Ivoire ou quoi ?"
Cécile Quéguiner, avec agences
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