Corne de l'Afrique : les enfants, premières victimes de la sécheresse
Elle a onze mois mais en parait à peine six. Samsa est nichée dans les bras de sa grand-mère, agrippée à son collier rouge. Le vent souffle du sable à l’intérieur de la cabane faite de branchages. Il fait très chaud. La petite fille ne sourit pas, c’est l’un des nombreux signes de la malnutrition. "Vous pouvez voir la maigreur de son corps, mais aussi ses bras, ils sont si fins. Regardez aussi ses doigts et ses ongles en particulier, ils sont très pales, comme ses yeux. C’est un signe d'anémie dû à la malnutrition. Et puis il y a son ventre, complètement distendu, tout ça prouve qu’elle est malnutrie", explique Jacinta Manyara, l’une des nutritionnistes de l’ONG Action Contre la Faim.
Il y a de plus en plus d’enfants malnutris et tous ne peuvent pas bénéficier de l’aide des ONG. Aujourd’hui, grâce aux pâtes nutritives que donne Action contre la faim à ses parents, Samsa pèse 6,8 kilos. Sa famille n’est plus en mesure de la nourrir correctement : ni viande, ni légumes. Sa grand-mère et son père, éleveur, se désolent de ne même plus pouvoir lui donner de lait. " A cause de la sécheresse, on a du faire migrer nos bêtes car il n’y a plus de pâturages. Et sinon, elles allaient mourir ", racontent-ils. "Mais il n’y a plus de lait pour Samsa. Parfois, on arrivait à lui en acheter, mais plus maintenant, c’est trop cher. Alors on lui a donné du thé et du lait maternel, mais ce n’est pas assez pour elle", poursuit sa famille.
Les produits alimentaires de base ont tous augmenté au Kenya à cause de la sécheresse et les enfants sont les premiers à en souffrir, constate Jacinta Manyara. "Si vous allez au dispensaire, vous verrez sur le registre qu’il y a chaque jour de plus en plus de cas de malnutrition. Et encore, là ce sont les gens que nous pouvons voir, mais il y a tous ceux que nous ne connaissons pas. La situation empire, il y a de plus en plus d’enfants malnutris ", explique-t-elle.
Pour la nutritionniste d’Action Contre la Faim, il n’y a qu’une seule solution aujourd’hui : il faut plus de distributions préventives de nourriture et d’eau potable pour éviter que cette situation d’urgence humanitaire ne se transforme en tragédie.
Delphine Gotchaux,
_ envoyée spéciale de France Info dans le nord du Kenya
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.