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«Une nouvelle période d’instabilité» après le référendum aux Comores?

L'opposition comorienne et une organisation de la société civile ont qualifié le 1er août 2018 de «mascarade» les résultats du référendum constitutionnel. Vote qui avait approuvé la veille à 92,7% des voix le renforcement des pouvoirs du président Azali Assoumani. De son côté, un observateur international a fait part d’un «doute» sur «la crédibilité du processus électoral».
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Près d'un bureau de vote à Moroni, capitale des Comores, le 30 juillet 2018.  (TONY KARUMBA / AFP)

La commission électorale a annoncé la victoire écrasante du «oui» avec une participation de 63,9%. L'opposition avait appelé au boycott du scrutin dans ce petit archipel pauvre de l'océan Indien.
           
L'adoption de la réforme permet au président de briguer deux mandats de cinq ans consécutifs, contre un seul actuellement. Le texte supprime aussi les trois postes de vice-président et la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire.

«C'est une mascarade», a lancé Ali Mhadji au nom de l'Union de l'opposition, qui rassemble une vingtaine de partis. «Nous rejetons ces résultats, ils sont faux», a-t-il ajouté.

Trois autres partis, dont le Juwa et l'Union pour le développement des Comores (UPDC), ont aussi dénoncé «les faux résultats de ce soi-disant référendum». Ils ont félicité les Comoriens pour s'être «comportés très dignement en refusant de se rendre aux urnes».
           
Une organisation comorienne représentant la société civile, le Collectif de la troisième voie, a qualifié le référendum de «plus scandaleuse mascarade électorale de ces dernières années». A ses yeux, les électeurs ont «majoritairement boudé les urnes» et l'opposition a été «muselée».

«Soudain afflux de bulletins»
Les observateurs électoraux de la Force en attente de la région Afrique de l'Est (EASF) devaient tenir une conférence de presse le 2 août à Moroni. Mais elle a été annulée à la dernière minute. «Malheureusement on doit annuler cette conférence. Nous ne pouvons pas vous donner plus d'informations», a déclaré aux journalistes Jules Hoareau, de la mission de l'EASF.
           
La veille, ce dernier s'était étonné, auprès de l'AFP, d'«un soudain afflux de bulletins» dans les urnes de bureaux où une heure plus tôt, il y avait moins de 20 électeurs. Il avait aussi dénoncé le fait que «dans tous les bureaux visités» par l'EASF, «les représentants des partis n'avaient pas été autorisés à signer les procès-verbaux». Ce qui mettait «en doute la crédibilité du processus électoral».

De son côté, l’opposition a dénoncé un référendum fait «sur mesure» pour le président Azali Assoumani, un ancien putschiste élu en 2016 à la fonction suprême.
           
Ces derniers mois, des opposants ont été arrêtés, des manifestations réprimées, l'ancien chef de l'Etat Ahmed Abdallah Sambi assigné à résidence et la Cour constitutionnelle suspendue.

«Des observateurs extérieurs s’inquiètent du fait que le pays pourrait retomber dans une période de troubles», analyse The Economist. Lequel évoque, avec la tenue de ce référendum, «un coup de force». «Une nouvelle période d’instabilité serait une mauvaise nouvelle pour la France, qui tente d’endiguer le flot de migrants comoriens» vers l’île de Mayotte, ajoute l’hebdomadaire britannique.

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