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En Centrafrique, les femmes utilisent la machette

Crâne rasé, la machette à la main, des «amazones» centrafricaines assurent la protection de l'île des Singes. C'est une île au milieu de l'Oubangui, le fleuve qui marque la frontière entre Bangui et la République démocratique du Congo, un bastion naturel pour un millier de réfugiés ayant fui les hostilités.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Des femmes, machette à la main, protègent l'île des Singes des ex-Séléka, le 21 février 2014. (AFP/Fred Dufour)

Un millier de Centrafricains vivent sur l'île, protégés par des miliciens anti-balaka. Parmi eux, huit femmes au crâne rasé, certaines en treillis, défendent l'île. Elles montent la garde sur les hauteurs au nord de l'île des Singes, arborant fièrement leur machette. 

Yolanda Bravo a 19 ans. elle porte un pantalon de treillis beige. Elle est anti-balaka depuis trois mois : «J'ai décidé de rejoindre le groupe quand les Séléka ont tué mon grand-frère, le 15 décembre.» La séléka, mouvement à dominante musulmane, a pris le pouvoir en mars 2013, renversant le président François Bozizé. «Les Séléka ont frappé mon petit neveu de 12 ans avec la crosse d'un fusil», raconte Yolanda.

En signe de reconnaissance, les huit femmes se sont rasées le crâne en rejoignant la milice. «Nous venons de quartiers différents. Nous sommes toutes victimes de la Séléka d'une façon ou d'une autre.» Ces amazones veillent sur les centaines de familles venues trouver refuge sur l'île. Une île épargnée par les violences.

Joanna Indiu a 20 ans. Elle porte un maillot orange et un short. Son mari a été tué par les Séléka. Elle a trois enfants qu'elle a confiés à sa mère, à Bimbo, une commune de l'agglomération de Bangui. «Ils me manquent mais je suis obligée de défendre mon pays.»

Ces femmes clament qu'elles n'ont pas peur. «Je veux me venger des Sélékas. Je suis prête. Je suis décidée», déclare Yolanda. Pour leur mission, les anti-balaka de l'île ne sont pas payés, mais la population les nourrit de feuilles de manioc et de poisson. Les Sélékas seraient de l'autre côté du fleuve, «déguisés».

Des femmes anti-balaka, «il y en a dans chaque section. Certaines ont parcouru 300 ou 400 kilomètres pour rejoindre la milice», affirme la colonel «12 puissances», une des chefs des anti-balaka. «Ce sont souvent des femmes dont le mari a été tué par les Séléka. Elles sont déterminées à défendre la population.»


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