Centrafrique : une économie paralysée
Contrairement au Mali ou au Tchad, la Centrafrique est un pays essentiellement tropical, équatorial au sud, entouré par le Tchad au nord, le Sud-Soudan (le Soudan du Sud, selon la terminologie française) à l’est, la République Démocratique du Congo au sud, le Congo et le Cameroun à l’ouest.
Avec ses 4,7 millions d’habitants, le pays est officiellement indépendant depuis le 13 août 1960, après avoir été une colonie française, appelée alors Oubangui-Chari, du nom des deux rivières qui traversent la région, l’une vers le Congo, l’autre vers le lac Tchad.
«Durant toute la période précoloniale, la région qu’elle occupe, joua un rôle de carrefour. Lors de la conquête par les Européens, elle se trouvait à la charnière des sous-ensembles formant la partie africaine de l’empire colonial français. Avant la reculade de Fachoda (1898), elle était destinée à devenir la charnière prospère de possessions françaises occupant une zone continue entre l’océan Atlantique, la mer Méditerranée et la mer Rouge. Elle contrôlait l’accès au premier par le bassin du Congo et aux deux autres par le bassin du Nil. Suite à l’échec de ce projet, elle ne fut guère plus qu’un cul-de-sac misérable. En 1958, dans la perspective de l’indépendance et conscient que le territoire ne pourrait servir d’assise à un État viable, son représentant politique, Barthélémy Boganda, lui donna son nom actuel», explique Patrice Gourdin dans un grand article sur la Centrafrique. Le premier leader du pays, l'indépendantiste Barthélémy Boganda, souhaitait voir la création d’un grand Etat d’Afrique central regroupant le Gabon, le Congo et le Cameroun, pour éviter un morcellement des territoires.
Depuis son indépendance, le pays fait en général la une de l’actualité française pour la succession de ses coups d’Etat. Le dernier renversement de pouvoir en date remonte à cette année 2013 qui a vu chuter le président Bozizé lors d'une attaque-éclair des rebelles de la Séléka sur la capitale Bangui.
«L’histoire de la RCA est jalonnée de changements de régime soudains, mais la prise du pouvoir par la coalition rebelle Séléka le 24 mars 2013 crée un contexte inédit de très grande instabilité, du fait de la destruction quasi-totale de l’Etat», souligne le Quai d'Orsay.
Une économie au ralenti
«La croissance, de 3,1% en 2012, a été moins forte que prévu, et les perspectives économiques pour 2013 et 2014 se sont détériorées pour devenir très incertaines depuis les attaques rebelles de décembre 2012, qui ont conduit à la chute du régime de François Bozizé», note sobrement la Banque Africaine de Développement (BAD).
L’Agence centrafricaine de presse précise que «le redémarrage économique observé depuis 2004, avec en 2012 un taux de croissance de 3,9% vire au désastre pour 2013 en régression à -14,5%».
Pourtant, le pays a des possibilités. Toujours dans son style très neutre, la BAD note que «l’existence de ressources naturelles abondantes n’a pas encore abouti à un processus de transformation structurelle de l’économie, indispensable à une croissance économique forte et durable ainsi qu’à la réduction de la pauvreté».
Résultat, la RCA se classe au 180e rang sur 186 pays selon la PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement).
Avant même les derniers événements politiques, la BAD notait que la RCA disposait de «ressources naturelles importantes» mais que la «fragilité politique du pays, la déficience de ses infrastructures de base et le climat des affaires qui y prévaut représentent autant d’obstacles à la transformation structurelle de l’économie».
La richesse du diamant
Les quatre activités traditionnellement créatrices de richesse sont le diamant, le bois, le coton et l’élevage (au Nord). «Le secteur primaire contribue à 55% du PIB et à environ 90% des exportations. Il se compose essentiellement d’une agriculture de subsistance (28% du PIB), de l’élevage (13%), de la sylviculture (5,5%) et des industries extractives (3%, essentiellement le diamant). L’exploitation forestière concerne environ 2 millions d’hectares», précise le site internet du Quai d'Orsay.
La principale ressource du pays est le diamant. L'image des diamants de Bokassa, toujours.
Placée à la dixième place de la classification mondiale pour la quantité de ces pierres précieuses extraites sur son territoire, la Centrafrique figure en revanche à la quatrième ou cinquième place pour leur qualité, avec une production qui oscille entre 350.000 et 400.000 carats par an. Pas toujours simple de chiffrer cette production, dont une partie peut échapper aux statistiques officielles.
Mais cette richesse est sous surveillance internationale. La Centrafrique a reçu la confirmation le 22 novembre que ses diamants restaient exclus du régime d'exportation certifiée du Processus de Kimberley, une décision attendue mais qui risque de pousser davantage encore le pays vers le chaos. Le Processus de Kimberley, qui fête ses 10 ans, édicte les conditions à remplir par un pays pour que ses diamants puissent être exportés. L'initiative répondait à l'origine à la controverse des «diamants du sang», ces pierres précieuses ayant servi à financer des conflits comme en Angola ou au Sierra Leone, et vise à assurer la respectabilité d'une industrie notoirement opaque.
Concernant la Centrafrique, les membres du Processus – 81 pays producteurs, ONG et industriels – ont jugé que «les conditions de sécurité (...) n'offraient pas les garanties pour préserver l'intégrité de la chaîne de protection des diamants».
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