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Centrafrique : les «pressions internationales ne suffisent pas»
La Centrafrique, pays grand comme la Belgique et la France réunis, vit une situation anarchique depuis la prise du pouvoir en mars 2013 de Michel Djotodia, aidé en cela par une coalition rebelle, la Séléka. Roland Marchal, chercheur au CNRS, livre à Géopolis son analyse du conflit.
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Le 13 septembre, Michel Djotodia a annoncé la dissolution de la Séléka, alliance rebelle qui l’a amené au pouvoir. Cela suffira-t-il à ramener un peu de stabilité dans le pays où peu de régions sont épargnées par la violence ?
La Séléka a déjà été dissoute une première fois après la chute de François Bozizé. Cette fois, il semblerait que le président ait voulu se dissocier du comportement des combattants de l’alliance, surtout dans les provinces. Pour autant, il n’est pas certain qu’il puisse le faire.
En vérité, le pays aurait plus besoin d’une Séléka organisée et démobilisée officiellement plutôt que des groupes incontrôlés et violents.
Il faudrait que le président tchadien Idriss Déby (il y a des Tchadiens parmi les combattants, NDLR) soit impliqué et joue la carte de la normalisation politique. Mais il ne s’intéresse pas au dossier.
Sur le terrain, le nord du pays, fief de la Séléka, se trouve dans une meilleure situation humanitaire, même si la population manque de tout.
Ce n’est pas le cas de la région de Bossangoa, zone du nord-ouest, où se concentrent des mouvements d’autodéfense et des groupes de fidèles au président déchu, hostiles à la Séléka. Ce sont d’anciens membres de l’appareil sécuritaire et des jeunes qui commettent aussi exactions et pillages, prétextant de s’attaquer à des cibles acquises à la Séléka.
La capitale Bangui est plus calme et on y vit mieux depuis l’implication des Français et de la Force multinationale des Etats d’Afrique centrale (FOMAC).
L’effondrement de l’Etat montre l’incapacité de François Bozizé à gérer le pays durant ses dix années au pouvoir. Pour autant, Michel Djotodia sera-t-il capable de redresser la barre ?
La rumeur a accusé le président Djotodia, qui est de confession musulmane, de vouloir imposer, via la Séléka, l’islam en Centrafrique, majoritairement chrétienne. Qu’en est-il ? Est-ce un conflit confessionnel ?
Si la Séléka a recruté dans le nord, majoritairement musulman, le président Djotodia ne joue la carte de l’islam que pour tisser des liens avec des pays comme le Soudan ou le Tchad.
Quant aux combattants, ils ont assimilé le régime de Bangui à une direction chrétienne. Pour autant, ce conflit n’est pas islamiste mais communautaire.
En Centrafrique, les musulmans ont un rôle économique. Ils font partie d’une communauté de commerçants, généralement prospère. Cette communauté n’échappe pas aux violences et aux pillages.
Quoi qu’il en soit, on retient que les combattants de la Séléka se comportent mal et qu’ils sont surtout musulmans, même si le mouvement a recruté récemment des chrétiens.
En août, le président français François Hollande a réclamé une action urgente des Nations-Unies pour empêcher le pays de sombrer davantage dans le chaos. La France joue-t-elle un rôle ?
Sous Nicolas Sarkozy, il était notoire que François Bozizé ne faisait rien des aides données au pays. Mais les autorités françaises n’ont pas bougé tant qu’il y avait du business à faire.
Alors qu’il n’y avait plus guère d’intérêts en Centrafrique, face à la situation chaotique de l’après 24 mars, François Hollande a choisi d’attendre. Le président français estimait qu’il s’agissait d’un problème africain qui devait être réglé par des Africains.
Il a réagi tardivement, en août. C’est à ce moment qu’il a reconnu les violences envers les populations et a demandé une action des Nations Unies (une réunion a lieu le 25 septembre).
La situation en Centrafrique était connue à Paris : une note du quai d’Orsay, posant la question de savoir s’il fallait intervenir ou s’en aller du pays, avait déjà informé le chef de l’Etat des graves violations des droits de l’Homme.
Ce qui se passe ne se résume pas à un problème sécuritaire et les pressions internationales ne suffisent pas. Aujourd’hui, se pose la question de savoir si la communauté internationale va s’impliquer réellement et envoyer une force militaire qui remplira vraiment son mandat.
Jusqu’à lors, il a eu dysfonctionnement : force est de constater que l’ONU et l’Union africaine sont restées silencieuses pendant les années Bozizé, malgré la gabegie et les exactions. Pourquoi a-t-il fallu attendre quatre ans entre la signature des accords de paix en 2008 et la proposition de démilitariser les combattants ?
Les organisations internationales doivent aujourd’hui se remettre en question pour éviter de commettre les mêmes erreurs.
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