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Pourquoi les preneurs d'otages ciblent les Français

La France est devenue, mardi, le pays qui compte le plus d'otages au monde, avec 15 ressortissants capturés. En cause : l'intervention militaire hexagonale au Mali.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une affiche, exposée sur un immeuble de Nîmes le 17 janvier 2012, réclame la libération de quatre otages détenus au Sahel. (PASCAL GUYOT / AFP)

La France a pris la tête d’un triste classement. Depuis le mardi 19 février 2013 et l’enlèvement de sept otages (dont quatre enfants) dans le nord du Cameroun, l'Hexagone est désormais en tête des pays les plus touchés par les prises d’otages. Avec 15 personnes enlevées pour des raisons politiques en Afrique, la France passe devant les Etats-Unis et ses 9 ressortissants capturés. Le pays semble subir les conséquences de son intervention au Mali. Voici les trois raisons qui peuvent expliquer pourquoi les Français sont ciblés.

Pour punir la France, devenue "chef des croisés"

Interrogé par francetv info, Mathieu Guidère, qui a dirigé un programme de veille sur la radicalisation dans le monde, analyse : "Avant, la menace était plus ou moins latente avec une prise d’otages environ tous les six mois. Désormais, la présence militaire au Mali change la donne." Le spécialiste des mouvements islamistes constate que la France "se retrouve toute seule, avec l’image du chef des croisés du monde occidental". Un rôle dévolu aux Etats-Unis pendant de nombreuses années, notamment après les attentats du 11-Septembre. 

Si le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, estime que le lien avec l’intervention au Mali "n’est pas établi", Mathieu Guidère assure que les groupes islamistes se sont montrés très clairs dans leurs derniers communiqués. Ils ont indiqué "à quel point ils étaient remontés". En intervenant sur le sol africain, la France devient désormais, pour les groupes islamistes, la représentante de l’impérialisme occidental. 

Pour répondre à l'appel des groupes jihadistes du Mali

La France se retrouve menacée par l’ensemble des groupes islamistes au Sahel, des Shebab de Somalie jusqu'à Boko Haram, cette secte islamiste active au Nigeria désignée par François Hollande comme le potentiel responsable du dernier rapt au nord du Cameroun. Les terroristes semblent avoir entendu les derniers appels lancés par des groupes jihadistes à frapper la France "en son cœur". Selon Jean-Charles Brisard, spécialiste du terrorisme contacté par francetv info, "s’ils le pouvaient, les islamistes frapperaient le sol français. Pour l’instant, ils attaquent dans les zones africaines qu’ils maîtrisent."

Pour Mathieu Guidère, les dernières menaces islamistes étaient explicites : "On sait que les ressortissants français sont recherchés sur l'ensemble des pays de la région." Jean-Charles Brisard confirme une extension géographique de la menace terroriste : "Il n'y a plus vraiment de Français au Mali, du coup, les islamistes vont les chercher dans d’autres régions". Des pays comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire peuvent désormais apparaître comme des cibles potentielles. 

Pour obliger Paris à retirer ses troupes

Les groupes terroristes ayant toujours besoin de financement, la France est aussi devenue une cible privilégiée parce qu’elle a la réputation de payer les rançons pour libérer ses otages, comme le prouve cet article de Jeune Afrique. Mais pour Mathieu Guidère, l’objectif financier n’est plus le moteur des groupes islamistes. "Il s'agit avant tout d'un positionnement idéologique et d’objectifs politiques : le message adressé à la France, c'est : 'Foutez le camp'." 

Jean-Charles Brisard ajoute que pour les groupes terroristes, c’est une question de survie : "Ils se sentent acculés, ils recherchent un écho médiatique pour exercer des pressions sur la France afin qu’elle arrête son intervention militaire." Mais pour le chercheur, ces prises d’otages prouvent le bien-fondé de l’engagement français au Mali. "Il faut sécuriser ce pays, puis continuer à travers une coopération policière et militaire afin d’éradiquer ce fléau", estime-t-il.

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