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Burundi : un génocide en préparation ?

Bujumbura a vécu un week-end sanglant : plus d’une centaine de morts. Le régime de Pierre Nkurunziza se radicalise. Les ambassades étrangères ferment les unes après les autres. L’opposition semble décidée à s’armer. La communauté internationale craint une guerre ethnique.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manifestation au Kenya de réfugiés burundais et de Kényans demandant l'arrêt des massacres au Burundi. (TONY KARUMBA / AFP)

Bilan officiel : 79 «ennemis» et 8 soldats tués. Selon des témoins, le chiffre est à revoir à la hausse. Le Burundi s’enfonce de plus en plus dans la violence, réveillant le spectre de la guerre civile. Suite à des attaques confuses contre trois camps militaires le 11 décembre, la répression s’est abattue dans les quartiers hostiles au président Pierre Nkurunziza. Les habitants accusent les forces de l'ordre d'avoir arrêté tous les jeunes qu'ils rencontraient et de les avoir exécutés, plusieurs heures après les attaques. De nombreuses photos circulent sur Internet, prises le plus souvent avec des téléphones portables. Certaines victimes avaient les bras liés derrière le dos, d'autres avaient été tuées à bout portant.


Langage de l’horreur
Le président du Sénat, Révérien Ndikuriyo, cité par Le Monde, a récemment déclaré lors d’une réunion enregistrée à son insu que les policiers devraient se préparer à «travailler» à un massacre : «Si vous entendez le signal avec une consigne que ça doit se terminer, les émotions et les pleurs n’auront plus de place ! (…) Le jour où l’on dira «travaillez», vous verrez la différence !» Pour les Etats-Unis, la rhétorique utilisée par Bujumbura ressemble dangereusement à celle employée lors du génocide rwandais, «un langage de l’horreur que la région n’a plus connu depuis 20 ans».

 
La population a peur d’un scénario à la rwandaise. Depuis le printemps, plus de 220.000 personnes ont fui le Burundi pour se réfugier au Rwanda, en Tanzanie, en Ouganda et en République démocratique du Congo.

 
#1212massacre, hashtag et huis clos
Le 13 décembre, les Etats-Unis ont demandé à leurs ressortissants de quitter ce pays, plongé dans une profonde crise politique et en proie aux pires violences depuis un coup d'Etat manqué en mai. En novembre, l'Union européenne avait déjà décidé d'évacuer les familles et des personnels non essentiels de sa délégation au Burundi et la Belgique avait conseillé à ses ressortissants de partir.

 
Les Burundais craignent une guerre ethnique entre Tutsis et Hutus. Isolé sur le plan international, menacé par une opposition qui semble vouloir prendre les armes, le président Pierre Nkurunziza se radicalise et s’appuie sur les forces de l’ordre et les redoutables milices Imbonerakure (ligue des jeunes du parti au pouvoir). L’heure n’est pas à la négociation, ni au compromis. 

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