Burundi : un génocide en préparation ?
Bilan officiel : 79 «ennemis» et 8 soldats tués. Selon des témoins, le chiffre est à revoir à la hausse. Le Burundi s’enfonce de plus en plus dans la violence, réveillant le spectre de la guerre civile. Suite à des attaques confuses contre trois camps militaires le 11 décembre, la répression s’est abattue dans les quartiers hostiles au président Pierre Nkurunziza. Les habitants accusent les forces de l'ordre d'avoir arrêté tous les jeunes qu'ils rencontraient et de les avoir exécutés, plusieurs heures après les attaques. De nombreuses photos circulent sur Internet, prises le plus souvent avec des téléphones portables. Certaines victimes avaient les bras liés derrière le dos, d'autres avaient été tuées à bout portant.
Son nom: Hermes, il était cadet à l'ISCAM, et il a été tué par ces animaux. Ils tuent ma famille. #1212Massacre pic.twitter.com/3MNNAS2GWe
— ♉️taurus (@clandestino257) December 12, 2015
Langage de l’horreur
Le président du Sénat, Révérien Ndikuriyo, cité par Le Monde, a récemment déclaré lors d’une réunion enregistrée à son insu que les policiers devraient se préparer à «travailler» à un massacre : «Si vous entendez le signal avec une consigne que ça doit se terminer, les émotions et les pleurs n’auront plus de place ! (…) Le jour où l’on dira «travaillez», vous verrez la différence !» Pour les Etats-Unis, la rhétorique utilisée par Bujumbura ressemble dangereusement à celle employée lors du génocide rwandais, «un langage de l’horreur que la région n’a plus connu depuis 20 ans».
Raoul, Thierry. Georges, Eddy Franck, noms&visages d victimes de l’horrible #1212Massacre #Burundi
— AmahoroIwacu (@AmahoroI) December 12, 2015
Dans nos coeurs. pic.twitter.com/aX0VH3x3Q4
La population a peur d’un scénario à la rwandaise. Depuis le printemps, plus de 220.000 personnes ont fui le Burundi pour se réfugier au Rwanda, en Tanzanie, en Ouganda et en République démocratique du Congo.
La plupart de ces jeunes je les connais, j'ai peur pour leur vie, Que Dieu vous protège #1212massacre pic.twitter.com/1dpUG2H14o
— Uburundi Busha (@UburundiBusha) December 12, 2015
#1212massacre, hashtag et huis clos
Le 13 décembre, les Etats-Unis ont demandé à leurs ressortissants de quitter ce pays, plongé dans une profonde crise politique et en proie aux pires violences depuis un coup d'Etat manqué en mai. En novembre, l'Union européenne avait déjà décidé d'évacuer les familles et des personnels non essentiels de sa délégation au Burundi et la Belgique avait conseillé à ses ressortissants de partir.
#1212Massacre #Burundi @baratuza2000 Où sont ces gens que l'armée a arrêté @AU_PSD @AUC_DPA @DlaminiZuma pic.twitter.com/hKMLCnwYrX
— iBurundi (@iburundi) December 12, 2015
Les Burundais craignent une guerre ethnique entre Tutsis et Hutus. Isolé sur le plan international, menacé par une opposition qui semble vouloir prendre les armes, le président Pierre Nkurunziza se radicalise et s’appuie sur les forces de l’ordre et les redoutables milices Imbonerakure (ligue des jeunes du parti au pouvoir). L’heure n’est pas à la négociation, ni au compromis.
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