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Burundi: «Le spectre d’une nouvelle guerre civile plane sur le pays»

Faut-il craindre que le Burundi bascule dans une nouvelle guerre civile? Oui, répond l’opposant burundais Alexis Sinduhije. L’ancien journaliste explique que dans l'immédiat, le facteur ethnique est à exclure dans les affrontements actuels au sein de l’armée. Il appelle au déploiement d’une force d’interposition dans le pays avant qu'il ne soit trop tard.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le général Godefroid Niyombare, chef des putschistes devant les locaux de la radio RPA à Bujumbura, le 13 mai 2015. (Photo Reuters/Jean Pierre Aimé Harerimana)

 
C’est à Kampala (Ouganda) où il réside que l’opposant burundais Alexis Sinduhije, candidat à la présidentielle de juin 2015, a appris la nouvelle du coup d’Etat dans son pays. Depuis, il est constamment accroché à son téléphone pour s’informer de l’évolution de la situation à Bujumbura.

Les nouvelles ne sont guerre optimistes, confie-t-il à Géopolis : «Après les premiers moments de surprise, le camp des loyalistes résiste. Les forces restées fidèles au président Nkurunziza s’organisent autour de la redoutable garde présidentielle.» 
 

Scène de joie dans les rues de Bujumbura après l'annonce du coup d'Etat, le 13 mai 2015. (Photo AFP)

Alexis Sinduhije redoute le pire. Que son pays bascule dans une nouvelle guerre civile: «Les milices formées par les jeunes du parti présidentiel n’attendent que le signal pour sévir dans les coins les plus reculés du pays. Si les choses dégénèrent, s’inquiète-t-il, on pourrait voir ressurgir de nouveaux groupes armés prêts à faire le coup de feu n’importe où. Et la situation redeviendrait incontrôlable comme en 1993.»
 
La sanglante guerre civile burundaise qui a fait 300.000 morts a duré plus de 10 ans (1993-2006). Elle a opposé la majorité hutue à la minorité tutsie, longtemps dominante dans l’armée. Aujourd’hui, la composition des troupes a totalement changé à la suite des accords d’Arusha qui ont mis fin à la guerre.
 
Comme l’indique le rapport Afrique de Crisis Group publié en avril  2015, «les forces militaires et policières ont intégré des milliers de combattants rebelles hutus sortis du maquis. Les commandants et leurs adjoints sont rarement de la même ethnie et encore moins de la même obédience politique.»
 
Pour Alexis Sinduhije, il y a peu de risques que le facteur ethnique ressurgisse au sein de la nouvelle armée burundaise : «Ce qui a contribué à ressouder les militaires hutus et tutsis dans l’armée, c'est surtout les missions de maintien de la paix qu’ils ont accomplies ensemble à l’extérieur du pays et notamment en Somalie. Ils ont combattu côte à côte. Et dans la crise actuelle, Hutus et Tutsis se retrouvent aussi côte à côte dans les deux camps qui s’affrontent.»
 
L'opposant Alexis Sinduhije lors d'un meeting de son parti (MSD) à Bujumbura le 11 Avril 2010. (Photo AFP/Esdras Ndikumana)

L’opposant burundais est donc persuadé que le bras de fer en cours à Bujumbura n’a aucune connotation ethnique, mais qu’il pourrait le devenir si l’une des deux communautés était spécialement ciblée dans un massacre généralisé des Tutsis ou des Hutus. C’est pourquoi il lance un appel en faveur de «l’envoi rapide d’une force régionale ou internationale d’interposition entre les deux camps qui s’affrontent avant qu’il ne soit trop tard».
 
Alexis Sinduhije a déjà tourné la page de Pierre Nkurinziza. Il pense que le «président déchu» n’a plus aucune chance de retrouver son fauteuil. Et que la communauté internationale a le devoir d’aider le Burundi à organiser la transition pour ne pas sombrer définitivement dans la violence.

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