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Burundi: des charniers vus par satellite font craindre un nouveau génocide

Amnesty international a diffusé jeudi 28 janvier des images satellite montrant de possibles charniers, creusés récemment dans la capitale burundaise. Des fosses communes visant à cacher l’ampleur de la répression. Ce voisin du Rwanda semble se rapprocher un peu plus chaque jour de la guerre civile. Politique à ses débuts, la crise risque de réveiller les conflits ethniques qui semblaient apaisés.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Image satellite publiée le 28 janvier 2016 par Amnesty International montrant les zones de possibles charniers dans la région Buringa, au nord de Bujumbura, au Burundi. (REUTERS / DigitalGlobe / Amnesty International via Reuters)

Des images satellite rendues publiques par les Nations Unies semblent confirmer les témoignages recueillis par Amnesty international dans la capitale burundaise sur l’existence de fosses communes creusées en périphérie de Bujumbura. Sur ces images analysées par l'ONU, on peut voir que la terre a été retournée sur cinq sites au lendemain de la journée la plus meurtrière qui a secoué le pays.
 
Le 11 décembre 2015, quelques hommes en armes attaquent une caserne de la capitale burundaise. Les militaires répliquent par des arrestations et des exécutions sommaires dans plusieurs quartiers de la capitale favorables à l’opposition. Les violences auraient fait officiellement 87 morts, mais selon Zeid al-Hussein, haut commissaire de L’ONU aux droits de l’Homme, le nombre des victimes est plus élevé encore. 
 
Selon l'ONG, «ces images suggèrent des efforts délibérés pour dissimuler l’ampleur des massacres perpétrés par les forces de sécurité et vise à empêcher que la vérité soit faite».
 
Une enquête ouverte par les Nations Unies fait état d’au moins neuf charniers aux alentours de la Capitale. Muthoni Wanyeki, directrice générale d’Amnesty international pour l’Afrique de l’Est demande que «ces charniers présumés soient sécurisés jusqu’à ce que de véritables enquêtes soient menées, et que les dépouilles retrouvées dans ces fosses soit exhumées afin de déterminer les causes de la mort».

Charnier découvert dans le quartier Buringa à Bujumbura, au Burundi, le 19 janvier 2016. (STRINGER / AFP)
 
Eviter un génocide
Le  président Pierre NKurunziza, qui s’est représenté pour un troisième mandat contesté par l’opposition, est entré dans un cycle de violences débouchant sur une répression féroce.

Le spectre de la guerre civile, que le pays a connue dans les années 90, inquiète. Politique à ses débuts, la crise burundaise risque de réveiller les vieux démons ethniques.
Les accords de paix d’Arusha d’août 2000 qui prévoyait notamment 60% des postes parlementaires et gouvernementaux aux Hutus et 40% aux Tutsis avaient pourtant apaisé le pays.
 
Mais le Burundi a comme son voisin rwandais une histoire douloureuse. 200.000 civils hutus avaient été assassinés en 1972 par une armée composée de Tutsis.
Un nombre important de responsables politiques, dont le président Nkurunziza, ont vu leur père et leurs proches se faire massacrer en 1972.
 
Comme à cette époque, les jeunes militants constituent aujourd’hui un inquiétant potentiel de violence dans les campagnes. Un nouveau groupe d’opposition baptisé Forces républicaines du Burundi rassemblerait de nombreux déserteurs de l’armée et commencerait à prendre pied dans plusieurs régions du pays.

Alors que l’économie est à l’arrêt, beaucoup d’observateurs sont inquiets pour le pays et toute la région.
 
Deux journalistes étrangers qui enquêtaient sur les violences de décembre 2015 ont été arrêtés le 28 janvier suivant à Bujumbura avant d'être libérés le lendemain.

Nairobi au Kenya, le 18 décembre 2015: un homme manifeste contre les récents massacres au Burundi. (TONY KARUMBA / AFP)

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