Emmanuel Macron au Burkina Faso : "Il est à craindre que les rapports France-Afrique soient un système"
Pour l'historien spécialiste de l'Afrique Michel Galy, mardi sur franceinfo, le discours d'Emmanuel Macron à à Ouagadougou (Burkina Faso) ne s'est pas inscrit en rupture de ceux de ses prédécesseurs.
Les efforts d'Emmanuel Macron, lors de son discours à Ouagadougou au Burkina Faso mardi 28 novembre, pour s'inscrire en rupture de ses prédécesseurs n'ont pas vraiment fonctionné, a estimé Michel Galy sur franceinfo. Le spécialiste de l'Afrique a expliqué que le président de la République "a passé deux heures à détailler avec moult détails, dans différents secteurs, la politique d'Emmanuel Macron en Afrique".
franceinfo : C'est un rituel pour les présidents français de s'exprimer sur les relations France-Afrique. Emmanuel Macron joue la carte du changement d'époque, mais dénote-t-il vraiment de ses prédécesseurs ?
Michel Galy : C'est un rituel assez récent depuis Nicolas Sarkozy et François Hollande de dire que la Françafrique n'existe plus, ou que la colonisation est finie. Emmanuel Macron a tout misé sur la jeunesse, la sienne et celle des Burkinabés dans son amphithéâtre. Pour autant, il est à craindre que les rapports France-Afrique soient un système et non pas un homme, bien qu'il ait avancé des points nouveaux.
Comment a été son échange avec les étudiants ?
Il a été un peu chaotique. Je ne sais pas s'il était bien au courant que cette université est dédiée à [Joseph] Ki-Zerbo. C'est un historien dans une certaine mesure anti-occidental, plutôt marxiste et panafricain. Ils ont fait de l'opposition à Macron, notamment à propos de l'assassinat de [Mouammar] Kadhafi. Il y a aussi eu des moments un peu surréalistes, où en quelque sorte Emmanuel Macron s'est enferré à propos de la démographie africaine, en conseillant comme précédemment de faire moins d'enfants. Cela risque d'être assez mal perçu.
Emmanuel Macron a annoncé qu'il n'y avait "plus de politique africaine de la France". Est-ce vrai ?
C'est une formule, bien entendu, absolument inexacte. Il a passé deux heures à détailler avec moult détails, dans différents secteurs, la politique d'Emmanuel Macron en Afrique. Par contre, il manque une chose. C'est sa politique vis-à-vis des dictatures, des régimes forts, les Bongo [président du Gabon], et autres [Alassane] Ouattara, [président de la Côte d'Ivoire]. Alors qu'il n'aurait qu'un mot à dire pour que cessent ces régimes despotiques qui nourrissent l'immigration dont il a beaucoup parlé, notamment les scènes d'esclavagisme en Libye.
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