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Coup d’Etat au Burkina Faso : le fantôme de Thomas Sankara

Les résultats de l'enquête sur la mort de Thomas Sankara, l'ancien président charismatique du Burkina tué en 1987, devaient être communiqués le jeudi 17 septembre aux parties civiles à Ouagadougou, une réunion reportée sine die en raison du coup d'Etat perpétré la veille.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Thomas Sankara demeure une référence pour de nombreux Africains (LUCA PISTONE / NOTIMEX/AFP)

Coïncidence, ironie de l’histoire ? «Ce n’est sûrement pas la cause, ni même l’explication, du coup d’État mené ce jeudi 17 septembre par le régiment de sécurité présidentielle (RSP) et le général Gilbert Diendéré contre les autorités de transition. Mais ce hasard de calendrier interpelle », affirme Jeune-Afrique. Le juge d'instruction en charge de l'enquête sur l'assassinat de l’ancien président Thomas Sankara avait convoqué les avocats des parties civiles le jour du putsch pour leur communiquer les résultats de l'autopsie du corps présumé du prédécesseur de Blaise Compaoré.


 
La survenue d'un coup d'Etat à la veille de ces révélations potentiellement  explosives pour certains proches de Blaise Compaoré a été jugée surprenante par  Mariam Sankara. «Juste au moment où on reçoit la convocation, il y a ce coup de force. Je  n'ai pas de preuve, mais c'est une drôle de coïncidence quand même », s’étonne la veuve de Thomas Sankara. Elle rappelle que le nouvel homme fort du Burkina  issu du coup d'Etat, le général Gilbert  Diendéré, «était à l'époque le responsable de la sécurité et des commandos de  militaires. Et on pense qu'il est impliqué dans l'assassinat du président  Sankara. L'enquête était là pour le prouver».
 
Cette enquête, dont les résultats étaient très attendus depuis l'exhumation  des ossements fin mai, visait à lever le voile sur le mystère entourant les  circonstances de la mort de Thomas Sankara. Pour l’avocat de la famille Sankara, il s’agissait «prendre connaissance des conclusions des rapports de  l'expertise balistique et de l'autopsie» pratiquée sur les restes supposés de  Thomas Sankara et de douze de ses compagnons d'armes, tous tués lors du coup  d'Etat organisé par Blaise Compaoré le 15 octobre 1987.  
 
Sur les réseaux sociaux, la survenue d'un coup d'Etat à la veille de ces révélations potentiellement  explosives pour certains proches de Blaise Compaoré n’est pas anodine. 



Il a fallu près de 28 ans, la chute de Blaise Compaoré et la mise en place d’un gouvernement de transition, pour que les autorités ouvrent une enquête sur l’assassinat du «Che» africain.  Sera-t-elle reportée sine die après le putsch ? «On était avancés, il y a eu les enquêtes... Je ne sais pas quelle sera la suite du dossier maintenant », regrette Mariam Sankara. 

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