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Burkina Faso : enlèvement du grand imam de Djibo, figure religieuse du nord du pays

Souaibou Cissé, dignitaire religieux de Djibo, a été enlevé le mardi 11 août 2020. Le pays subit une multiplication des violences djihadistes qui inquiètent à trois mois des élections législatives et présidentielle.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Un soldat burkinabè en mission de protection devant le camp de Goudebo. Ce camp situé à Dori, au Burkina-Faso accueille 8000 réfugiés ayant fuit les attaques djihadistes au Mali. Le 3 février 2020. (OLYMPIA DE MAISMONT / AFP)

Le grand imam de Djibo, Souaibou Cissé, "a été enlevé par un groupe d'individus armés, qui ont intercepté le car dans lequel il regagnait sa ville après un séjour à Ouagadougou", a déclaré le 11 août 2020 à l'AFP une source sécuritaire. 

A quelques kilomètres de Djibo "Ils ont arrêté le car et procédé à une fouille et un contrôle d'identité avant de repartir avec le grand imam. Ils ont laissé les autres occupants du car poursuivre leur trajet", selon cette source, citant des témoignages de voyageurs.
"Toute la communauté est attristée et sans nouvelle du grand imam depuis cet après-midi", a indiqué à l’AFP un habitant de Djibo, précisant que le rapt s'est déroulé "entre Namsiguia et Gaskindé".

Les djihadistes s'attaquent même aux imams

Président de la communauté musulmane de Djibo, présenté comme un "leader religieux modéré, qui prônait la tolérance" Souaibou Cissé "était de ceux qui avaient refusé de quitter la ville malgré les menaces", selon la même source.

Ce n'est pas le premier "notable" de la ville à être victime des djihadistes Oumarou Dicko, le député-maire de Djibo, avait été tué le 3 novembre 2019 dans une attaque. En route pour Ouagadougou, lui et les trois autres occupants de son véhicule étaient tombés dans une embuscade à la sortie de la ville.

La ville est de plus en plus menacée. Depuis quelques semaines, les terroristes ont imposé un blocus. Tous les cars qui quittent ou arrivent à Djibo sont systématiquement arrêtés et fouillés

Fonctionnaire de Djibo sous le couvert de l'anonymat

AFP

Les violences djihadistes ne faiblissent pas dans le nord du pays. Le 7 août 2020 vingt personnes avaient été tuées sur un marché, lors de l'attaque du village de la commune de Fada N'Gourma dans l'Est du pays.
La ville de Djibo, accueille déjà près de 30 000 réfugiés maliens ayant fuit les exactions djihadistes dans leur pays.
Lors d'une visite surprise en juin 2020  à Djibo, le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré avait promis le retour des forces de sécurité dans cette ville en proie à des attaques terroristes

Insécurité croissante 

Le nord et l'est sont les régions les plus touchées par les exactions djihadistes qui ont fait près de 1 100 morts et plus d'un million de déplacés depuis 2015.
Malgré leurs méthodes, qui consistent le plus souvent selon le HCR "à recruter les hommes de force et à tuer les récalcitrants", et malgré le peu de soutien populaire les djihadistes réussissent à déstabiliser tout un pays.
Ils ont commencé par s’attaquer à des prêtres catholiques ou protestants pour diviser les communautés du pays, s'attaquent aujourd'hui aux imams et ne cherchent même plus à établir un lien entre leurs victimes et l’Occident ou la foi chrétienne.

De plus, cette violence endémique risque de rendre difficile la tenue des élections législatives et présidentielle, annoncées pour le 22 novembre 2020.

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