Un "risque de débordement" des groupes extrémistes implantés dans le Sahel bien réel au nord du Bénin
Le rapport d'un centre de réflexion international met en garde contre l’exploitation des conflits communautaires.
Le think-tank néerlandais Clingendael, spécialisé dans les questions de sécurité, s’intéresse à la situation dans le nord du Bénin. Un rapport récent (lien en anglais) souligne l’intensification des conflits communautaires dans des régions limitrophes avec le Niger, le Burkina Faso et le Nigeria. Trois pays où sont implantés plusieurs groupes extrémistes qui tentent de développer des liens avec des populations locales.
Une attaque en 2019
Longtemps considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest, le Bénin a été frappé par une seule attaque jihadiste qui a révélé une certaine vulnérabilité. En mai 2019, quatre touristes dont deux Français avaient été enlevés "par des bandits" dans le parc de la Pendjari, à l’extrême nord du pays, puis "revendus" à des jihadistes au Burkina Faso, selon le rapport du centre de réflexion international Clingendael. Les otages avaient été libérés lors d’une intervention militaire française qui a coûté la vie à deux soldats. Un guide béninois avait été assassiné lors de ce rapt. Depuis, les autorités béninoises ne signalent pas de problème de sécurité dans le nord et les informations en provenance de la région sont rares.
Des conflits communautaires
Le nord du Bénin a pourtant connu ces dernières années une montée des violences communautaires dans trois régions : l'Alibori, le Borgou et l'Atacora. Des violences majoritairement liées à des conflits entre agriculteurs et éleveurs ou à un accès à la terre parce que le système de propriété foncière est flou et défaillant. Ces tensions, dont on parle peu, risquent d’être exacerbées par des groupes extrémistes implantés dans les pays voisins. "S’ils ne sont pas présents de manière permanente dans le nord du Bénin, certains traversent cependant régulièrement les trois régions" et ont déjà commencé à agir dans certaines localités, selon le rapport.
Une surveillance accrue
Si les autorités béninoises préfèrent éviter de signaler les violences politiques en augmentation dans le nord, elles restent néanmoins vigilantes à la situation dans la région, selon le rapport qui met en garde contre un "risque de débordement" de la violence venue du Sahel. Pour éviter une propagation du jihadisme d’opportunité, le centre de réflexion international recommande de répondre à la montée des conflits communautaires et de désamorcer au plus vite les tensions en rappelant que la contagion de la violence par les organisations extrémistes violentes dans le Sahel a été souvent alimentée par des facteurs locaux.
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