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Bénin : écartée des législatives, l'opposition réunit ses supporters dans la rue pour "sauver la démocratie en danger"

La Commission électorale nationale (Cena) a exclu les partis d'opposition des élections législatives du 28 avril 2019. Une décision attribuée à des "lois scélérates" par 20 000 manifestants qui ont défilé dans les rues de Cotonou, contre "l'autoritarisme" du président Patrice Talon.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants protestent à Cotonou contre "l'autoritarisme" du président béninois Patrice Talon, le 11 mars 2019. (YANICK FOLLY / AFP)

Le 11 mars 2019, la capitale économique béninoise qui est aussi la plus grande ville du pays (780 000 habitants) résonnait de slogans hostiles au président Talon, élu en mars 2016 et régulièrement accusé de dérive autoritaire.

La foule était composée de responsables politiques et syndicaux, de femmes, d'étudiants et de commerçants. Selon les organisateurs, Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) de l'ancien président Thomas Boni Yayi et l'Union sociale libérale (USL) de l'homme d'affaires Sébastien Ajavon, près de 20 000 manifestants ont pris part à cette marche pacifique.

L'opposition exclue de facto

Plusieurs opposants ont fait l'objet de poursuites judiciaires ces derniers mois dans le cadre officiel d'une lutte contre la corruption, qualifiée de chasse aux sorcières par ses détracteurs. Jusqu'à la convocation, sans motif déclaré, d'Adrien Houngbédji, le président de l'Assemblée nationale et membre du Parti du renouveau démocratique (PRD, opposition), à la brigade criminelle le 12 mars.

Plus de cinq millions d'électeurs béninois sont attendus aux urnes le 28 avril 2019 pour renouveler les 83 sièges de l'Assemblée nationale. Or, la Cena a estimé début mars que seuls deux partis membres de la mouvance présidentielle avaient rempli les conditions requises par le nouveau code électoral – adopté l'an dernier et durcissant les règles régissant les partis politiques pour pouvoir présenter des listes, excluant de facto toute l'opposition.

Face au tollé déclenché dans le pays, le président Talon, a reçu dans la foulée les représentants de plusieurs partis et proposé de s'en remettre au Parlement pour "sortir de l'impasse", mais l'opposition a boycotté la rencontre.

"Il n'y aura pas d'élection sans l'opposition"

"Le peuple est sorti massivement dans la rue parce qu'il veut dire au président qu'il en a ras-le-bol", a affirmé à l'AFP Donklam Abalo, un cadre de l'USL qui ajoute : "Il faut laisser le peuple s'exprimer pour qu'il puisse choisir librement ses représentants".

Pour Eric Houndété, vice-président du Parlement présent lors de la manifestation, "il n'y aura pas d'élection sans l'opposition". Victor Topanou, ancien ministre de la Justice sous le président Boni Yayi a dénoncé lui aussi "un rouleau compresseur qui a atteint son summum" avec l'exclusion de l'opposition aux législatives. "Depuis trois ans, on a le sentiment d'une violation presque constante des libertés individuelles et collectives" par le régime Talon, a déploré l'ancien ministre, qui disait "participer pour la première fois à une marche" dans le pays.

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